Le compositeur Philippe Manoury transforme la salle de concert de la Philharmonie de Paris en bateau, pour un concert immersif sur la tragédie des réfugiés, notamment celle de l’Aquarius, dans une mise en scène signée Nicolas Stemann.

AFP/Archives / JOEL SAGET

Une forme théâtralisée 

Intitulé Lab.Oratorium, dernier ouvrage de sa Trilogie Köln consacré à la tragédie des migrants, Philippe Manoury expérimente une nouvelle manière d’envisager l’orchestre, dans un décor de pièce de théâtre inspirée d’une tragédie d’aujourd’hui, celle des milliers de migrants perdant la vie à bord de bateaux au large de la Méditerranée. Philippe Manoury a comme tout le monde, été marqué par ses images et la réponse assez médiocre de l’Europe. Il a alors pensé à l’Aquarius de SOS Méditerranée, et imaginé qu’on soit tous assis dans ce bateau et que des réfugiés s’apprêtent à monter à bord.

Un concert immersif

La musique électronique accompagne l’orchestre symphonique en reproduisant des bruits de foule de migrants à bord d’un navire, et même le chant des mouettes. La salle de concert de Paris se transforme en bateau et chacun se demande qui est spectateur et qui est acteur. Sommes-nous tous dans le même bateau ? Des chanteurs sont présents parmi les spectateurs, certains récitent des poèmes sur l’exil ou des témoignages recueillis par les migrants de l’Aquarius. Le compositeur et le metteur en scène se sont entretenus avec des sauveteurs en mer et des victimes. Ils n’ont cependant pas voulu aborder l’œuvre sous un angle documentaire mais l’associer aux mots intensément lyriques d’auteurs tels que Hannah Arendt, Ingeborg Bachmann, Elfriede Jelinek, Georg Trakl. Une nouvelle manière de faire de la musique qui embarque le spectateur dans un décor de théâtre et le plonge dans des textes qui résonnent comme des manifestes.

Philharmonie de Paris
Le 3 juin 2019 à 20h30




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