A la loupe - Edgar Degas, La Classe de Danse

 

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Edgar Degas, La Classe de Danse, 1873

Manet le surnommait le « Peintre des danseuses », mais Degas ne partageait pas à leur égard une admiration intéressée, contrairement à la plupart des habitués de l’Opéra de son époque. Le peintre est fasciné par le monde de la danse tel qu’il est, et particulièrement ces moments hors scène, en coulisse, au repos et pendant les répétitions. Derrière le sourire affiché des danseuses se cachent en effet des heures d’entraînement acharnées.

Comme Degas, faites-vous discrets et approchez. Féru de points de vue insolites, le peintre se plaisait à représenter les instants cachés mais précieux qui précèdent ou qui suivent les spectacles. Entrez donc dans les coulisses, la classe de danse est réunie autour du maître de ballet Jules Perrot. Appuyé sur son bâton, il donne des indications à une jeune danseuse. Ce morceau de bois est symboliquement situé au centre de la salle et incarne l’autorité masculine qui transmet ses connaissances aux jeunes générations. Le réalisme de la scène est mis en exergue par cette jeune fille au premier plan, assise avec nonchalance sur le piano en train de se gratter voluptueusement le dos. Cette teinte d’humour de Degas est renforcée par l’autre danseuse debout, une fleur rouge dans les cheveux, un éventail à la main et un petit chien près de l’arrosoir servant à empêcher les danseuses de glisser.

Objets de désir par le dévoilement de leurs jambes - paroxysme de la sensualité à la Belle Époque - l’engouement de Degas pour le ballet n’est pourtant pas celui des riches bourgeois et aristocrates : loin de s’intéresser à leur apparence physique, l’œil aiguisé du peintre va au cœur du monde de la danse, dans ces moments où le naturel prend le dessus sur la grâce. Car il faut savoir que Degas était touché par la délicatesse émanant de la gestuelle des petits rats de l’opéra. Leurs gestes qui nécessitent une grande technicité apparaissent pourtant comme innés et ordinaires. Pour la petite histoire, les danseuses charment Degas pour leur naturel mais aussi parce qu’elles lui évoquent les sculptures de l’Antiquité. Pas vous? Imaginez-vous ces ballerines quand les heures de répétition engendrent la fatigue quotidienne et le relâchement des corps. N’est-ce pas pour Degas une façon de voir le refl et de son propre labeur d’artiste

Pour retrouver notre article sur l'exposition "Degas à l'Opéra" au Musée d'Orsay c'est ici.


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