A la loupe - Alberto Giacometti, L'Objet invisible
Alberto Giacometti, L'Objet invisible, 1934-1935
L’exposition de l’Institut Giacometti Histoire de Corps nous présente la façon originale et diversifiée dont le sculpteur et peintre suisse traite les corps nus dans son œuvre. Tout au long de sa carrière, Alberto Giacometti s’intéresse à la représentation de la figure humaine, qu’il considère même comme la raison d’être du geste artistique.Deux œuvres phares ont été restau-rées à l’occasion de cet accrochage : il s’agit de La Grande femme II, sculpture monumentale créée en 1960, et L’Objet invisible, œuvre majeure des années 1934 et 1935, qui matérialise un tournant dans la carrière de l’artiste. En effet, au début des années 1930, Alberto Giacometti s’était rapproché des surréalistes et avait commencé à fréquenter quelques figures emblématiques du mouvement telles que Louis Aragon, André Breton ou Salvator Dali. Mais L’Objet Invisible marque déjà la fin de ce rapprochement, puisque le sculpteur quitte le mouvement dès 1935.Cette statue représente une femme stylisée, qui, physiquement, est plus proche de l’art égyptien que de la réalité incarnée d’un modèle. Ses jambes sont entravées entre les genoux et les orteils par une plaque rectangulaire sur laquelle s’appuient les genoux fléchis et sa tête prend la forme d’un hexagone régulier séparé par une ligne verticale en son milieu, comme pour marquer l’arête nasale qui s’achève sur une bouche béante. Ses yeux écarquillés semblent nous fixer de façon inquiétante. Le personnage tenterait-il de nous dire quelque chose ? Ses bras sont pliés et ses mains aux longs doigts effilés se rapprochent au niveau de la poitrine. Mais pourquoi cette sculpture s’intitule-t-elle L’Objet invisible ? C’est en réalité une référence aux mains de la jeune femme qui tiennent un objet absent, comme une parfaite illustration du Surréalisme.
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