Damien Hirst et ses Cerisiers en fleurs s'exposent à la Fondation Cartier pour l'Art Contemporain

Fondation Cartier pour l'art contemporain
Du 6 juillet 2021 au 2 janvier 2022

« Cerisiers en fleurs », non vous ne rêvez pas, c’est bien le titre de la nouvelle exposition de Damien Hirst à la Fondation Cartier… Et autant dire qu’on est loin ici des créations sulfureuses qu’on lui connait, obsédées par la mort et tout ce qui s’y rattache. Comment imaginer que ces cerisiers majestueux qui célèbrent la vie ont été réalisés par celui qui enchaine les scandales avec ses veaux aux sabots en or massif plongés dans le formol, ses crânes humains sertis de diamants ou l’hécatombe de 9000 papillons tués au nom de l’art dans son exposition londonienne à la Tate. Rien à voir avec l’atmosphère poétique qui règne ici. L’artiste reprend ses pinceaux, revisitant la technique pointilliste pour faire de ses points de peinture des bourgeons prêts à éclore. Pour cet accrochage unique, il nous propose une exposition XXL avec des toiles pouvant dépasser les 7 mètres d’envergure, nous plongeant dans une forêt de cerisiers géants, un arbre légendaire revisité ici jusqu’à frôler l’abstraction.

L’artiste a réalisé une série de 107 toiles sur ce thème – déjà toutes vendues à des collectionneurs – et nous avons l’immense privilège d’en admirer ici une trentaine, en exclusivité mondiale, pour cet artiste qui n’avait jamais eu d’exposition institutionnelle en France.

Si certains se lassent vite de l’approche répétitive de l’artiste, d’autres au contraire se laissent envouter par la ronde voluptueuse des pétales, s’approchent pour découvrir l’étonnante palette de l’artiste, osant des tonalités électrisantes comme le rouge vif, le vert acidulé ou le bleu nuit. C’est cette expérience inédite que nous propose l’artiste, se laisser submerger par les œuvres, se perdre dans les toiles jusqu’à ne plus rien distinguer, s’approcher pour observer les impressionnantes masses de peinture qui nous semblaient si subtiles et délicates de loin. Des points qui ont la taille de meringues, comme s’il avait fallu un tube de peinture entier pour chaque touche. Des masses si épaisses qu’elles mettront encore une dizaine d’année à sécher, puis se craquelleront avec le temps, s’effriteront peut-être, en écho avec le caractère éphémère de la fleur de cerisier, qui tombe sans même avoir eu le temps de faner… Peut-être que ces arbres enivrants ne sont pas tant une ode à la vie qu’une invitation à profiter de la beauté du monde avant qu’il ne s’effondre sans prévenir...

On a visité pour vous l'exposition Les Cerisiers en Fleur de Damien Hirst :

 

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Damien Hirst convoque l’éloge incomparable de la beauté charmante des cerisiers en fleurs à la Fondation Cartier pour l’art contemporain. Ici, les myriades de pétales rosés en corolles se dessinent, fragiles, en vagues innombrables sur fond de ciel bleu. Il n’en faut pas plus pour sublimer la renaissance saisonnière d’une nature subtilement ressuscitée. L’artiste ne travaille pas dans le détail, mais le pari pictural est réussi : la touche, vive et joyeuse, habille avec une simplicité dénuée de tout ornement superflu les rameaux sombres des arbres engourdis par l’hiver qui vient de s’évanouir. Le flou délibéré et le désordre impromptu restitue le geste brut du peintre et du pinceau spontanément trempé, presque au hasard, dans la palette claire et lumineuse : du blanc, du bleu, du rose, du vert et du brun. Les toiles monumentales oscillent entre suggestion et figuration, dans un art élaboré à la frontière de l’impressionnisme et de l’abstraction, jusqu’à se teinter d’une certaine ironie. A croire que le sacre du printemps se doublerait, chez lui, d’un rire parfois moqueur, mais d’une joie toujours certaine.

Le saviez-vous ?

Après des études d’art à Leeds puis au Goldsmith College of Arts de Londres dans les années 1980, Damien Hirst rejoint les Young Brisith Artists, un collectif de jeunes peintres et plasticiens qui expérimente les frontières de la création. Ce sont eux qui dominent la scène artistique britannique, alors même qu’ils défient sans cesse les limites du public dans des installations parfois obscènes, comme avec la série Natural History qui regroupe des cadavres d’animaux immergés dans d’immenses bassins de formol.

Parole d’artiste

« Cherry Blossoms parle de beauté, de vie et de mort. Ces peintures sont excessives — presque vulgaires. Comme Jackson Pollock, tourmenté par l’amour. Elles sont décoratives bien que directement inspirées de la nature. Elles parlent de désir, de la manière dont on perçoit les choses qui nous entourent et ce qu’on en fait, mais évoquent aussi l’incroyable et éphémère beauté d’un arbre en fleurs dans un ciel sans nuages. J’ai adoré travailler sur ces toiles, me perdre entièrement dans la couleur et la matière à l’atelier. Les Cherry Blossoms sont tape-à-l’œil, chaotiques et en même temps fragiles, c’est grâce à elles je me suis éloigné du minimalisme, du fantasme d’un peintre mécanique. Et c’est ça que j’ai vraiment trouvé excitant. »

 

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