Nous nous rendons à la Fondation Folon, à 15 minutes de Bruxelles, ici à la Hulpe dans un cadre enchanteur, lové dans la ferme du château, au cœur d’un écrin de verdure de plus de 200 hectares, à la lisière de la forêt de Soignes, dans le merveilleux parc Solvay. Un lieu créé par l’artiste il y a tout juste 21 ans pour exposer les œuvres qu’il a conservées durant ses quarante ans de création dans une scénographie vivante et originale imaginée par l’artiste lui-même qui nous ouvre le livre de sa vie… Jean-Michel Folon est connu dans le monde entier pour ses sculptures, ses aquarelles, ses sérigraphies et gravures, ses objets détournés ou ses vitraux… Un parcours vivant qui nous invite à tourner les pages de la vie d’un artiste à l’imaginaire sans limite, pénétrant dans la tête de l’homme bleu, perdant la tête à notre tour face aux murs de miroirs qui décuplent les œuvres, levant les yeux sur une myriade d’étoiles qui nous invitent à rêver, comme l’artiste. Car Folon n’est pas qu’un grand humaniste, il est aussi un rêveur qui nous enchante avec ses créations engagées et poétiques, comme nous le révèle l’exposition inédite de ses affiches. C’est une première. La Fondation nous dévoile des chefs-d’œuvre insoupçonnés, d’une simplicité déconcertante, résumant en un minimum de signifiants une pensée particulièrement poussée. Son lexique se compose de quelques signes fondamentaux – une main, un soleil, des ailes, un arc-en-ciel, un personnage… L’artiste n’a pas besoin de montrer beaucoup pour dire beaucoup, inventant dès lors un langage universel, qui paradoxalement se passe de mots. Pour comprendre ce travail de synthèse par l’image, la Fondation nous présente des dessins préparatoires de l’artiste, mis en parallèle des œuvres finales. La scénographie joue sur des voiles transparents pour nous immerger dans les 24 heures de la vie de Folon, nous menant de sa toute première sérigraphie en 1961, pour un court métrage de Pialat à sa toute dernière affiche annonçant son exposition à Florence, au crépuscule de sa vie, en passant par cette splendide création qui illustre le film de son ami Woody Allen, "La rose pourpre du Caire". Des œuvres qui témoignent de la personnalité de l’artiste, un « révolté tranquille » nous dit-on, mettant sa générosité et son inventivité au service d’Amnesty International, de La Croix-Rouge ou de l’Unicef, dénonçant la peine de mort alors qu’elle était encore d’application en France, s’engageant pour soutenir Greenpeace avant la grande vague de conscience écologique. Des créations qui même si elles servent les combats chers à l’artiste, ne font jamais l’économie de la petite touche d’humour et de poésie qui caractérise son style si unique.

Peintre, aquarelliste, dessinateur, sculpteur, l’artiste belge Jean-Michel Folon avait plus d’une corde à son arc. Cette nouvelle exposition de la Fondation Folon – créée par l’artiste en l’an 2000 et qui rassemble aujourd’hui plus de 10 000 pièces et documents d’archives autour de son œuvre – se penche plus spécifiquement sur les innombrables affiches qu’il a réalisées au long de sa carrière d’illustrateur, à la fois pour des grandes entreprises, des événements sportifs ou culturels et pour des causes humanitaires. On y découvre entre autres que Steve Jobs, le célèbre fondateur d’Apple, l’avait invité à créer un logo pour le lancement du tout premier Macintosh, avec un personnage virtuel dénommé Mister Macintosh qui apparaîtrait sur chaque écran d’ordinateur : mais le projet fut malheureusement abandonné à la dernière minute. Méfiant vis-à-vis du monde de la publicité, Folon s’oriente assez vite vers des manifestations humaines et engagées : si ses affiches deviennent alors si marquantes, c’est qu’elles charrient un langage poétique qui, paradoxalement, se passe de mots. Son langage est purement visuel et symbolique, convoquant un imaginaire qui n’est pas sans rappeler les visions surréalistes de son compatriote René Magritte, qui fut certainement l’une de ses principales sources d’inspiration.

Dans ses affiches, Folon déploie un répertoire de signes hybrides, apparemment déconnectés les uns des autres mais dont la couture fait soudainement sortir le sens. Ce qui fait des affiches de Folon de véritables œuvres d’art, c’est que l’apparente simplicité du motif cache toujours une profonde recherche poétique. Ici, le court central de Roland-Garros s’ouvre telle une fenêtre sur un paysage lunaire invitant à la rêverie ; ou bien là, son affiche contre la peine de mort où juge, guillotine et symboles révolutionnaires se mélangent dans une image portant toute l’ampleur de la revendication. Fervent défenseur de l’environnement et des droits de l’Homme, Folon ne cessera de mettre son art au profit des combats qui lui importaient, sans jamais oublier d’y insérer la petite touche d’humour et de poésie qui caractérise son style si unique.

Le saviez-vous ?

L’unique silhouette d’apparence humaine qui traverse la plupart de ses créations est un personnage sans nom, un homme au chapeau et au grand manteau bleu, sorte de figure kafkaïenne dont les traits sont transformés au gré des situations dans lesquelles le place Folon. Réduit à sa plus simple expression, ce personnage anonyme rappelle d’autres hommes au chapeau, comme ceux de Magritte ou de Chaplin. Il incarne alors une forme d’homme universel et solitaire, en proie aux hybridations de la modernité mais qui peut en même temps incarner le désir de s’envoler dans le monde des rêves.

Voici quelques clichés de l'exposition que nos équipes ont eu la chance de pouvoir visiter en avant-première :

FONDATION FOLON
Jusqu’au 7 novembre 2021
Drève de la Ramée 6A
1310 La Hulpe - Belgique