Le photographe Christophe Airaud présente sa nouvelle exposition gratuite "Suerte" à la Galerie Rastoll

Galerie Rastoll
Du 1er au 26 février 2022

 

6

Les sourcils froncés, le visage crispé, les toreros se préparent à l’affrontement. Sous une chaleur écrasante, Christophe Airaud intercepte un regard lancé vers le ciel, puis un autre, posé sur le sol. La plupart des hommes présents ce jour-là gardent leurs paupières closes quelques minutes avant l'entrée en scène. Soudain, un murmure brise le silence : « Suerte para todos ». Dieu, la chance... voilà à quoi ils se raccrochent tous.
Pour un petit mois seulement, la Galerie Rastoll abrite une série photographique absolument bouleversante du photographe Christophe Airaud. L’exposition, articulée autour de 16 clichés en noir et blanc et construite sur le modèle d’un diptyque (chaque cliché s’opposant à une autre photographie), nous invite à vivre les 5 minutes décisives qui précèdent la corrida. Une plongée saisissante dans les arènes de Mont de Marsan, au plus près de ces toreros qui, l’espace d’un instant, quittent le monde des vivants pour celui des immortels. Pour les deux prochaines heures, leurs vies leur appartiennent car ils le savent, la mort les attend sans doute au-delà de la barrière. Ensemble, ils prient et c’est ainsi que ces gardiens d’une tradition ancienne entrent dans l’arène, prêts à défier la bête à corne.
Une scène de théâtre ritualisée capturée par Christophe Airaud qui, durant trois jours, s’est rendu aux corridas du Plumaçon dérober ces instants volés. Là-bas, sous un soleil de plomb, le photographe saisit la violence dramaturgique d’une tradition « hors d’âge », la puissance et la beauté de la tragédie qui s’y déroule. Pourtant, l’artiste évite ici toute effusion de sang ; le combat en lui-même, « anachronique », sera tu. Christophe Airaud préfère s’interroger davantage sur les pensées de ces hommes, leurs peurs et leurs devoirs. Dans la lumière du jour, crue et impitoyable, leurs visages apparaissent ainsi auréolés d’une gloire nouvelle à l’instar des icônes modernes. Rides, imperfections, irrégularités de la peau... Le soleil ne fait ici aucune concession et se montre implacable avec la réalité. Les toreros ne sont pas encore dans l’arène, mais le spectacle lui a d’ores et déjà commencé.


Vous aimerez aussi…

Vanessa-Paradis-2-scaled
  • Gratuit
  • Photo

Vanessa Paradis, Paradissime

GALERIE DE L’INSTANT
Du 15 octobre 2025 au 14 janvier 2026

Depuis son apparition à quatorze ans, micro en main et sourire désarmant, Vanessa Paradis a traversé les décennies comme une évidence tranquille. Tour à tour muse, actrice, chanteuse, égérie, elle a construit une trajectoire rare, faite d’élégance et de constance.

lLYcyI0g
  • Gratuit
  • Contemporain

Les ateliers d'art des grands magasins à la bibliothèque Forney

Bibliothèque Forney
Jusqu’au 28 février 2026

À la Bibliothèque Forney, les ateliers d’art parisiens (Primavera, Pomone, La Maîtrise) révèlent le design et le modernisme populaire 1912‑1922.

  • Contemporain
  • Gratuit

Emily Mason, et si on libérait l'abstraction ?

Du 10 janvier au 14 mars 2026
Galerie Almine Rech

L’abstraction peut tonner, s’imposer, envahir l’espace. Emily Mason a choisi l’exact inverse. L’exposition qu’Almine Rech consacre à cette figure majeure de la scène américaine révèle une peinture débarrassée du vacarme héroïque des années 1950, une œuvre qui avance par lumière plutôt que par emphase.

Étienne Bossut, Laocoon, 2003, © Étienne Bossut- Adagp, Paris, 2025. Collection Frac Île-de-France. Photo Aurélien Mole
  • Contemporain
  • Insolite

Le syndrome de Bonnard, ou le doute comme moteur

Du 14 février au 19 juillet 2026
Frac Ile-de-France : Le Plateau / Les Réserves

Peut-on vraiment finir une œuvre ? Pierre Bonnard, dit-on, n’y croyait pas. On raconte qu’il se glissait en douce dans les musées pour retoucher ses toiles, corriger une ombre, raviver un ton, incapable de s’en détacher.