Les chefs-d’œuvre de Michel-Ange sauvés par une bactérie

Rendez-vous dans la crypte des Médicis à Florence où des sculptures de Michel-Ange, menacées depuis plusieurs années à cause de leur état de détérioration, viennent d’être restaurées à l’aide de… bactéries mangeuses de graisse !

Connaissez-vous ces petits poissons qui, dans certains centres de beauté, viennent dévorer les petites peaux mortes des pieds des clients ? Une entreprise un peu particulière, parfois malaisante, qui pourtant fait des miracles et vous redonne une peau de bébé. Et si le même principe était applicable aux œuvres d’art ? S’il suffisait de laisser un petit organisme se repaître grâce à ce qui ne va pas pour laisser derrière lui des créations comme neuves ?

C’est exactement ce que vient d’expérimenter la basilique San Lorenzo de Florence, où les scientifiques et conservateurs en charge du nettoyage des sculptures de la Sagrestia Nuova (Nouvelle Sacristie), ont décidé d'employer une bactérie comme alliée insoupçonnée de la préservation du patrimoine. Cela faisait plus de 8 ans qu’ils cherchaient à faire disparaître les taches noires qui souillaient le marbre des sépultures de ce tombeau privé des Médicis. Et c’est maintenant chose faite, grâce à la Serratia ficaria SH7, une charmante bactérie dévoreuse de graisse et de phosphate.

Les quatre splendides allégories qui ornent les tombes, La Nuit, Le Jour, L’Aurore et Le Crépuscule ont pu retrouver leur splendeur d’antan, permettant ainsi de faire ressortir les valeurs chromatiques d’origine, mais aussi les différentes techniques employés par le sculpteur génie de la Renaissance. Le bio-nettoyage employé a en effet permis de restaurer les œuvres sans détériorer aucunement le marbre d’origine. La méthode avait bien évidemment été testée et étudiée au préalable pour garantir le respect des œuvres, avant que la bactérie ne soit appliquée par gel sur les surfaces détériorées, où elle a pu commencer son festin.
Malheureusement, il semblerait que les taches présentes sur les travaux de Michel-Ange soient dues à la putréfaction d’un corps, inhumé à la hâte dans l’un des tombeaux. C’est donc de cette manière organique que se repaît la Serratia ficaria SH7, permettant la remise à neuf de la sépulture.

C’est un grand pas dans l’Histoire de la bactérie qui, pour une fois, n’est pas perçue comme un danger et une nuisance pour l’art, mais bien comme son sauveur, son nouveau super-héros. Un statut qu’elle avait déjà obtenu entre autres il y a quelques années à Lascaux où une bactérie avait permis de ralentir la propagation de champignons.