Un tableau sauvé des décombres de Beyrouth identifié comme étant l'œuvre d'Artemisia Gentileschi
Artemisia ou la Caravage féminine est l'une des artistes baroques ayant marqué au fer rouge l'histoire de l'art. Figure de femme indépendante avant l'heure, Artemisia Gentileschi fut la première femme à se faire accepter dans l'Académie de dessin. Ses œuvres puissantes, marquées par l'usage du clair-obscur et d'un réalisme saisissant, ont marqué son temps. Alors que l'on estimait son corpus à 60 tableaux, une découverte insolite et totalement inattendue vient troubler l'ordre établi. Nous nous souvenons tous de l'explosion fracassante qui toucha si durement la belle ville de Beyrouth survenue les 31 juillet et 4 août 2020. Ces incidents ayant provoqué une crise sociale et économique importante ont causé la mort de plus de 200 morts et généré plus de 7000 blessés.
Mais qui eut cru que la période tragique ait pu faire naître des découvertes ? Une toile a pu renaître de ses cendres. Si l'œuvre en question était déjà bien connue, elle n'était pas identifiée comme étant le fruit du travail d'Artemisia Gentileschi. C'est dans les débris du Palais Sursock que cette grande toile a jailli. Sauvée puis restaurée, des experts ont su déterminer l'origine de l'œuvre. Comme l'environnement qui l'entoure, le tableau a subi des dégradations comme des trous et des déchirures diverses. D'autres œuvres présentes au palais ont subi des dégradations encore plus importantes. L'œuvre représentait les personnages mythologiques Hercule et Omphale, reine de Lydie.
L'on pourrait rapprocher le tableau du reste de son corpus : ici des éléments nous rappellent l'ADN d'Artemisia Gentileschi. Femme dominatrice, drapage et inspiration mythologique, contrastes saisissants et jeux de regards savamment travaillés... Initialement identifié comme une toile anonyme, le tableau a été confié à des experts qui ont immédiatement reconnu l'auteur de l'œuvre. La toile vraisemblablement peinte vers 1630 a ensuite été confiée à des restaurateurs d'art du J. Paul Getty Museum de Los Angeles.
C'est un historien libanais qui a démontré le premier les origines de la peinture. D'autres spécialistes se sont joints à son diagnostic. Une fois restauré, le tableau sera rendu au Palais Sursock. Le Getty Museum de Los Angeles réussira t-il à lui rendre sa splendeur d'antan ? En attendant, l'on peut déjà conjecturer. Le tableau pourrait être en phase de devenir l'un des plus cher vendu aux enchères, à l'image d'une autre toile de l'artiste vendue à plus de 4 millions d’euros aux enchères.