Critique Cinéma : Mon Crime de François Ozon, une gourmandise savoureuse

 

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Si dans Été 85 François Ozon nous transportait dans la décennie de The Cure, marquée par l’insouciance adolescente en jean Levi’s sur la côte normande, mêlant le parfum salin à celui homo-érotique masculin, le cinéaste nous mène ici au cœur du Paris des années 30. Le réalisateur de Huit Femmes rend de nouveau hommage aux grandes actrices, à l’instar de la figure moderne et émancipatrice de Danielle Darrieux, où tous les coups de folie semblent pardonnés par la malice enivrante vénusienne.

Mon Crime nous dévoile le quotidien misérable de deux amies inséparables, Pauline une avocate sans clients, et Madeleine une actrice sans rôles, dont le destin va être bouleversé par l’assassinat d’un metteur en scène peu scrupuleux, sorte de Harvey Weinstein des années 30. Madeleine, soupçonnée du meurtre, plaide finalement coupable afin de lancer sa carrière en attirant l’attention du public. Aidée par sa fidèle amie, elles construisent minutieusement le scénario idéal.

À la fois polar comique et film d’époque, Mon Crime mélange les genres, à travers un travail très soigné des décors, des costumes et de la colorimétrie du film, évoquant parfois un Wes Anderson dans son utilisation des nuances de jaune. Le film fait l’effet d’un bonbon acidulé, d’une friandise que l’on se félicite d’avoir goûtée, tant pour son esthétisme que pour la saveur de ses dialogues, brillamment interprétés par le jeu généreux des acteurs : Rebecca Marder et Nadia Tereszkiewicz en fines manipulatrices à l’amitié un brin érotique, Isabelle Huppert en comédienne déchue à la théâtralité mordante, Fabrice Luchini en fonctionnaire de justice peu éclairé, et même Dany Boon qui s’essaie à l’accent marseillais. Une gourmandise qui ne parvient cependant pas au stade de chef-d’œuvre. Certaines blagues prennent moins bien que d’autres, comme lorsque Madeleine oublie son texte au procès, mais peu importe, le film ne semble pas posséder la prétention d’une telle ambition.

Comme l’avait fait Nicolas Bedos dans Mascarade, le but de Mon Crime n’est pas d’innocenter les femmes. L’impulsion féministe réside dans la complicité criminelle à toute épreuve des deux protagonistes principales, qui se jouent des hommes en usant délicieusement de leur esprit et de leurs charmes.

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