Comment rendre hommage à l’être aimé ? Niki de Saint Phalle a dû se poser la question en 1991. À la disparition de Jean Tinguely, la « Calamity Jane » du monde de l’art souhaite saluer l’œuvre et l’héritage de son compagnon, ami, amant et alter ego rencontré trente ans plus tôt. L’artiste milite d’abord pour la création d’un musée à son nom avant de réaliser toute une série de pièces composites et mécaniques dans laquelle elle choisit d’introduire un mouvement : les Tableaux éclatés sont nés. Ou plutôt les Méta-Tinguely comme aimait les surnommer la principale intéressée. Au dos de ses curieuses toiles multicolores, différents moteurs mettent en action les formes découpées afin que les vêtements puissent recouvrir peu à peu les corps nus de ses personnages.  Si la technique mobile rappelle celle de son défunt mari, les thèmes et le vocabulaire plastique sont bien ceux de la mère des plantureuses Nanas. Enfin, les deux artistes renouent. La Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois présente aujourd’hui une petite dizaine de ces émouvants tableaux portant chacun l’empreinte du maître de l’art cinétique sans que celui-ci n’apparaisse à aucun moment. Comme si la mort ne pouvait définitivement pas séparer Jean Tinguely de Niki de Saint Phalle...