L’Extraordinaire destinée de Sarah Bernhardt au Théâtre du Palais-Royal
Théâtre du Palais-Royal
Jusqu'au 30 mars 2025
Libertaire ou libertine ? Malicieuse ou bien divine ? Le Théâtre du Palais-Royal s’attaque à une légende vivante, un « monstre sacré » couronné tour à tour par Jean Cocteau, Mucha et Victor Hugo : l’irremplaçable Sarah Bernhardt. De ses histoires d’amour décadentes à ses longues agonies sur les planches, en passant par ses prises de position dans l’affaire Dreyfus, cette pièce irrésistible condense la vie et les folies d’une icône en moins de deux heures. Un pari réussi avec extravagance et passion à l’image de la star.
S’attaquer à un monument tel que Sarah Bernhardt… Il fallait oser. Peu s’y sont frottés, effrayés par la personnalité excessive et l’extraordinaire destinée d’une actrice au tempérament de feu. Géraldine Martineau fonce pourtant tête baissée, brossant le portrait d’une femme jusqu’au-boutiste éprise de liberté dans une mise en scène flamboyante de modernité. Ici, dix comédiens se succèdent à tour de rôle pour jouer trente-cinq personnages survoltés et rendre hommage à l’esprit libre et audacieux de « l’Impératrice ». Le rôle de l’incomparable tragédienne est confié à l’ardente Estelle Meyer dont le bagou effronté et la puissance baroque portent haut l’étendard de la comédienne.
Martineau ne se contente pas ici d’un simple biopic : la metteuse en scène célèbre une Sarah à la fois intime et universelle, humaine et divine, qui brûla sa vie par les deux bouts avec la même intensité qu’elle enflammait les planches. La pièce épouse cette folie créatrice : les tableaux s’enchaînent, les décors se transforment, les lumières explosent, et le théâtre lui-même devient un personnage à part entière, rappelant que Sarah Bernhardt a su tout réinventer, jusqu’aux codes de la tragédie classique. Les dialogues ciselés alternent entre drames et éclats de rire, dévoilant une femme qui aimait provoquer autant qu’émouvoir.
La troupe, véritable machine à jouer, déborde d’énergie pour incarner ce tourbillon d’histoires et de personnalités. À la fois hommage vibrant et fresque théâtrale bouillonnante, cette pièce réussit le pari de moderniser le mythe tout en respectant l’âme de l’actrice. Celle, qui dormait parfois dans un cercueil pour se familiariser avec la mort, a traversé deux guerres mondiales, a claqué deux fois la porte de la Comédie-Française, redevient ici cette étoile incandescente et indomptable dans une intense ode à la liberté.
THÉÂTRE DU PALAIS-ROYAL, 75001
De : G. Martineau
Avec : E. Meyer, M.-C. Letort, I. Gardien, B. Leleu, P. Bescond, S. Dieuaide, A. Cholet; A. Melin, F. Hennequin et B. Dollinger
Jusqu’au 30 mars 2025
De 18 à 65 €