Un nouveau Musée de la Musique rythme la vie de la Philharmonie de Paris

MUSÉE DE LA MUSIQUE
On a vu on vous raconte !

 

9

Des musiques et des mondes : immersion dans le nouveau parcours du Musée de la musique

C’est historique ! Pour la première fois en près de 30 ans, le Musée de la musique renouvelle ses collections. En repensant totalement son parcours, son discours et sa scénographie, le panthéon des mélomanes amorce une véritable métamorphose, décloisonnant les siècles, abattant les frontières, pour donner vie à un nouveau récit : un espace inédit où les musiques du monde ne sont plus en marge de l’exposition mais au cœur de la narration. On l'a visité en avant-première, on vous raconte !

Dès l’entrée, quelque chose a changé. Le silence feutré des musées laisse place à une vibration. Ce n’est pas encore un son — plutôt une tension, un appel. On entre dans le nouveau parcours du Musée de la musique comme dans un monde en suspension, un monde multiple, ouvert, vibrant.

Ici, les vitrines ne déroulent plus une histoire de la musique au passé simple. Elles nous parlent au présent. Elles interrogent, connectent, dérangent parfois. Le parcours commence fort, par un espace baptisé Polyphonie. Soixante instruments venus des cinq continents sont suspendus dans l’espace, presque en lévitation. Ils ne sont pas regroupés par époque, ni par région, mais par affinités. Par échos invisibles. Une kora dialogue avec un clavecin. Un gamelan indonésien vibre en face d’un synthétiseur modulaire. À côté, une application interactive propose des chemins de traverse : matières, gestes, souffles, souffrances.

 

6

Il faut désapprendre. Défaire l’idée qu’un instrument appartient à un pays, ou qu’une musique se fige dans un territoire. Ici, tout circule. Les vitrines ont été pensées comme des carrefours. Chaque instrument devient le point de départ d’un récit. Le oud arabe fait apparaître, par glissements, le luth européen. L’accordéon prend racine dans le sheng chinois. L’orgue d’église côtoie des flûtes d’Océanie. On comprend vite que le propos n’est pas encyclopédique. Il est politique. Poétique aussi.

Plus loin, l’espace Des musiques et des mondes nous enveloppe comme un archipel. Le banjo y côtoie le steelpan, la flûte peule se mêle aux rythmes des fanfares de Sulawesi. Le tout dans une scénographie à la fois sobre et suggestive. Une lumière chaude, des vitrines sans hiérarchie, des sons diffusés en halo. On ne lit pas, on écoute. On ne visite pas, on navigue.

Le musée n’est pas muet. Il donne à entendre, à ressentir. Chaque jour, des musiciens font sonner les instruments — parfois les originaux. On s’arrête, happé par une mélodie mandingue, un chant napolitain, un beat électro joué sur une loop station. Et puis il y a cet espace d’écoute, intime, comme un cocon sonore. Projections vidéo, captations de terrain, documentaires immersifs : on y entend la voix des musiciens autant que celle des chercheurs. Jazz, métal, musique expérimentale, chant kabyle ou transe gnawa, tout se croise, rien ne s’exclut.

 

2

Tout au long du parcours, on croise des œuvres contemporaines. Ici, une sculpture de Gaëlle Choisne détourne les codes de l’exposition muséale. Là, une intervention de Sammy Baloji interroge la mémoire coloniale des collections. Le musée s’ouvre à l’art, à la pensée critique, à la création vivante. Il n’a pas peur de se remettre en question.

Rien n’est laissé au hasard. L’ensemble du parcours a été conçu avec une attention rare à l’écoresponsabilité. Scénographie modulaire, matériaux biosourcés, mutualisation des prêts, tout a été pensé pour durer, sans peser. Même les instruments sont accompagnés d’un petit encart sur leur provenance : où ont-ils été collectés ? Dans quel contexte ? Avec quel récit ? La transparence n’est pas un mot creux ici. C’est une ligne de conduite.

On ressort de cette visite avec l’impression d’avoir traversé un monde en mille fragments. Pas une leçon, pas un catalogue. Une traversée. Une invitation à repenser ce que signifie écouter. Écouter l’autre. Écouter l’ailleurs. Écouter le monde sans le réduire à nos grilles.

MUSÉE DE LA MUSIQUE, 75019
Sam. et dim. 10h-18h - Entrée libre
Plus d'informations ici

 

 


Vous aimerez aussi…

IMG_0561
  • Incontournable
  • Cinéma

Orson Welles : un seul nom pour le Cinéma

LA CINÉMATHÈQUE FRANÇAISE
Du 8 octobre 2025 au 11 janvier 2026

Pour cet anniversaire, la Cinémathèque lui rend un hommage fulgurant, à la hauteur de cette vie qui, dès les premiers instants, donna la voie à un avenir grandiose.

4. Unearthed - Sunlight (1)
  • Incontournable
  • Découverte

Exposition Otobong Nkanga. Rêver en couleurs au Musée d'Art Moderne de Paris

MUSÉE D’ART MODERNE DE PARIS
Du 10 octobre 2025 au 22 février 2026

Née à Kano, au Nigeria, en 1974, Otobong Nkanga tisse depuis trois décennies une œuvre qui relie matière et histoire, blessures et réparations.

Screen Shot 2025-10-01 at 10.00.13 AM
  • Actu

100 ans d’Art déco : 1925-2025

MUSÉE D'ART MODERNE DE PARIS
Du 21 octobre 2025 au 26 avril 2026

C’était en 1925. Le monde entier se pressait à Paris pour découvrir l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes. Une apothéose de formes géométriques, de laques…

DJI_20251020_102300_737 2
  • Gratuit
  • Contemporain

Nos images de l'exposition l'enchantement de Jean-Michel Othoniel à la Galerie Perrotin

GALERIE PERROTIN
Du 18 octobre au 20 décembre 2025

Chez Jean-Michel Othoniel, le verre devient sortilège.