Erik Satie L’esprit symphonique, le courage artistique

Honfleur célèbre l’esprit libre d’un compositeur hors normes. Il ne fut jamais là où on l’attendait. Trop fantaisiste pour l’Académie, trop rigide pour les bohèmes, trop lent pour les modernistes, trop précurseur pour les critiques. Erik Satie n’a rien revendiqué, sinon le droit d’être lui-même.

Cent ans après sa mort, Honfleur rend hommage à cet enfant du pays avec une exposition aussi singulière que son œuvre, conçue comme une plongée vivante dans un univers musical, poétique et profondément indiscipliné. Le musée Eugène-Boudin déploie sur deux niveaux une constellation d’objets, d’œuvres, de lettres, de musiques et de souvenirs, rassemblant plus de 120 pièces venues du musée d’Orsay, du musée Picasso, de l’IMEC ou de la BnF.

Dès les premières salles, une certitude : Satie ne se laisse pas classer. Esprit libre, ironique, hermétique, il côtoie les cercles symbolistes, invente la musique d’ameublement, compose pour le ballet Parade avec Picasso, crée Relâche avec Picabia et Cocteau, collabore avec les dadaïstes et annonce John Cage tout en restant... Satie. Les scénographes Clara Sartorio et Alix Mercier signent une mise en scène immersive, inspirée du théâtre et du cabaret : espaces d’écoute, ateliers de typographie musicale, machines à écrire, dispositifs interactifs pour enfants et adultes permettent de réactiver l’esprit de jeu propre au compositeur. Car Satie n’était pas seulement un musicien, il était calligraphe, mystique, provocateur, amateur d’aphorismes, moqueur du pouvoir, doux anarchiste. Entre lettres illuminées, partitions absurdes, dessins typographiques et souvenirs d’enfance honfleurais, l’exposition compose un autoportrait éclaté, sans nostalgie ni mise en piédestal. Juste un homme. Et sa liberté intransigeante.

En contrepoint, l'exposition Œuvres de salon, conçue avec une classe de collège et le FRAC Normandie, interroge la postérité de Satie à travers des installations contemporaines autour du banal et du quotidien. Une façon de montrer que sa musique influence toujours l’électro, le rock, les musiques de film, jusqu’aux arts plastiques les plus récents.

MUSÉE EUGÈNE-BOUDIN – HONFLEUR
Du 5 juillet au 3 novembre 2025
Rue de l’Homme-de-Bois, 14600 Honfleur