Exposition Chambre d’echo, Eva Jospin s’empare de l’atelier de Courbet
ATELIER COURBET – Ornans
Du 28 juin au 19 octobre 2025
Eva Jospin s’empare de l’atelier de Courbet pour une exposition singulière entre grotte, forêt et peinture intérieure
À quelques pas de là, l'atelier d’Ornans de Courbet rouvre ses portes pour la première fois au public. Un lieu intime, pensé par l’artiste lui-même comme un refuge loin de Paris, au milieu des falaises, « planté d’essences d’arbres propres à [s]a peinture ». C’est ici qu’Eva Jospin installe ses forêts de carton, ses grottes tissées, ses architectures mentales.
Pas de paysage peint, pas de marche au grand air. Et pourtant, la même tension souterraine. L’artiste sculpte un monde intérieur, nourri d’obsessions similaires : le lien à la matière, à la nature, à la profondeur. Là où Courbet arpentait ses vallées, Jospin creuse dans l’imaginaire, dans ce qu’elle appelle ses « contre-mondes », ces échos oniriques d’un monde éprouvé. Elle investit les murs, le sol, le plafond même, en écho au panorama peint par Courbet : un atelier devenu caverne, chambre d’écho, marche immobile. À la fin, c’est toujours une question de rythme. De paysage vécu ou rêvé. Et de marche, encore – mais cette fois, intérieure.
Le Saviez-vous ?
Il lui avait fallu du temps. Un grenier trop bas, une fenêtre mal placée, une lumière pauvre. Courbet avait commencé à peindre dans la maison de ses grands-parents, place d’Ornans. C’est là qu’il avait bousculé la peinture française, avec Un Enterrement à Ornans, posé sur des tréteaux dans une pièce trop étroite pour contenir l’ampleur de sa toile. Mais le lieu ne suffisait plus. Alors, quelques années plus tard, il transforme une ancienne fonderie au bord de la rivière. Un vrai lieu de travail, grand, haut, lumineux. Il fait agrandir la fenêtre, choisit les couleurs des murs lui-même : un vert-jaune sombre, du rouge profond, et un plafond peint en bleu ciel jusqu’au quart de la hauteur. Ce bleu-là est toujours visible aujourd’hui.
C’est dans cet espace, de 1860 à 1873, qu’il crée certaines de ses toiles les plus radicales, les plus libres. C’est là qu’il reçoit, qu’il enseigne, qu’il débat. C’est là qu’il pense la peinture comme un acte, comme un geste social, comme une position. L’atelier devient un manifeste. Aujourd’hui restauré, ce dernier atelier est encore debout. Pas comme un musée figé, mais comme une pièce pleine de silence et de ciel. Le seul décor peint de sa main s’y trouve toujours, suspendu au plafond. Un bleu comme une respiration. Une couleur pour travailler. Et pour voir clair. Enfin.
ATELIER COURBET – ORNANS
Du 28 juin au 19 octobre 2025
14 avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, Ornans
À vos agendas !
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