Envie d’un grand bain d’art contemporain dans un endroit insolite ? Direction Lille pour découvrir dans un immense hangar quelques-unes des plus belles pièces de la Vanhaerents Art Collection, l’une des plus riches collections privées bruxelloises. Une véritable caverne d’Ali Baba qui compte bien vous emmener Au bout de vos rêves, selon les mots d’un certain Jean-Jacques Goldman. Le Tripostal lillois, ancienne cathédrale de béton aux mensurations XXL destinée au tri du courrier dans les années 50, se charge de cette lourde responsabilité en vous ouvrant les portes de cette exposition onirique irrésistiblement démesurée traversée par les œuvres d’artistes planétaires comme Takashi Murakami, David Hockney ou encore Kehinde Wiley.

Entre les sculptures anthropomorphes de Bruce Nauman et les spectaculaires installations apocalyptiques de Laure Prouvost, cette parenthèse artistique ose surtout marier les styles et les contraires, opposant l’œuvre décalée de Yoshitomo Nara peuplée d’adorables chiens géants perchés sur des échasses, avec celle plus colorée du peintre allemand Daniel Richter. Véritable échappée belle dans l’imaginaire du collectionneur, l’exposition multiplie ainsi les points de vue en faisant dialoguer la poésie de Boafo Amoako, star africaine de l’art contemporain et premier artiste à avoir envoyé une œuvre dans l’espace, avec la douceur de Joy Labinjo, jeune espoir de la scène britannique qui dépoussière le genre du portrait en s’inspirant de sa vielle collection de photos de famille. Plus loin, le rêve continue. Une fois passés les gigantesques colosses aux pieds d’argile recouverts de miroirs de David Altmejd, peut-être vous laisserez-vous envoûter au cours de cette symphonie de couleurs par l’esprit pop d’Ugo Rondinone ou par la folie de l’inextricable Tomás Saraceno dont les galaxies labyrinthiques constituent le clou du spectacle. Comme dans un rêve, cette balade ne suit pour ainsi dire aucune règle, mais juxtapose des pièces fortes, symboles d’un nouveau départ dans l’art contemporain.

Focus sur

Otis Kwame Kye Quaicoe, le futur Kehinde Wiley ? Retenez bien son nom. Du haut de ses 35 ans, le jeune Otis Kwame Kye Quaicoe, maintes fois comparé au célébrissime Kehinde Wiley, pourrait bien conquérir le monde entier. Sa stratégie ? Une œuvre figurative monumentale, militante et engagée, caractérisée par ses grands formats et ses couleurs pop ultra-vitaminées. Son dernier coup en date : sa série phénomène Black Rodeo. Son affinité pour le cinéma, en particulier les westerns spaghetti, l’amène aujourd’hui à déterrer les histoires effacées des cow-boys noirs américains en mettant en scène (et en selle) de gigantesques portraits peints pour soulever des questions de culture et d’héritage, de pouvoir et de résilience dans une Amérique déchirée en deux.

LE TRIPOSTAL
Du 6 octobre 2023 au 14 janvier 2024
22 av. Willy Brandt, 59000 Lille