Le musée des Beaux-Arts d’Angers abrite cet été une floraison qu’aucun botaniste n’aurait pu prévoir. Les fleurs ont changé de nature. Elles n’ont plus de tiges ni de racines, plus d’ombre portée ni de saison. Elles surgissent du code, respirent à travers les pixels, s’épanouissent au rythme de la lumière.

Dans l’ancienne chapelle du logis Barrault, Miguel Chevalier fait éclore un jardin digital, immatériel, génératif, infini. Ici, il n’y a pas d’écran, pas de cadre, pas de surface fixe. L’image est en mouvement perpétuel, projetée sur le sol, les murs, les voûtes. Elle n’illustre pas le végétal : elle le réinvente. Chaque corolle naît d’un calcul, chaque teinte d’une variable, chaque pulsation d’un rythme autonome.

Depuis plus de quarante ans, Miguel Chevalier explore le champ du numérique comme un territoire plastique à part entière. Ses œuvres sont faites de lumière, d’algorithmes, de data, mais elles touchent au sensible, au vivant, au contemplatif. Il y a dans son travail quelque chose de l’horticulteur et du poète, une volonté de composer des mondes qui naissent sous nos yeux, à la fois mathématiques et oniriques. Avec cette installation, il pousse encore plus loin cette alchimie étrange entre le code et la grâce. La chapelle devient un incubateur silencieux, un espace suspendu où l’on perd toute notion d’échelle, de temps, de gravité. Nous perdons nos repères… Marchons-nous dans un jardin, une cathédrale de pixels ou dans un rêve de nature augmentée ?

MUSÉE DES BEAUX-ARTS D’ANGERS
Du 13 juin au 18 janvier 2026
14 rue du musée, Angers