On le disait fantasque, vêtu de longues tuniques et coiffé d’un large feutre. Jean Dampt (1854-1945) avait l’allure d’un mage, l’intensité d’un chercheur d’absolu et l’entêtement d’un visionnaire.

Cet enfant de Bourgogne, formé aux Beaux-Arts de Dijon puis de Paris, s’impose à la charnière du XIXᵉ et du XXᵉ siècle comme une figure singulière, à la fois sculpteur, décorateur, créateur de mobilier. Un « tailleur d’images », comme il aimait à se définir, toujours en quête d’un art total où se rejoindraient spiritualité, beauté et vie quotidienne. Le musée des Beaux-Arts de Dijon lui consacre aujourd’hui une grande rétrospective, la première jamais dédiée à cet artiste longtemps oublié. Plus de 200 œuvres et documents, redécouverts après trois années de recherches, retracent un parcours hors norme, de ses débuts symbolistes aux audaces de l’Art nouveau. On y croise des sculptures polychromes au lyrisme troublant, comme La Fin du Rêve ou Le Baiser de l’aïeule, mais aussi des pièces de mobilier spectaculaires, tel le monumental Lit des Heures, qui affirme sa volonté de mêler arts majeurs et arts décoratifs dans une même harmonie.

Obsédé par le mystère du sacré, Dampt explore tour à tour les légendes médiévales, les thèmes religieux, la métamorphose des âges de la vie. Ses œuvres semblent hésiter entre le rêve et l’ésotérisme, les courbes sensuelles de l’Art nouveau et les visions hiératiques d’un Moyen Âge fantasmé. On comprend alors pourquoi ses contemporains, fascinés par cette personnalité hors cadre, le plaçaient au cœur du groupe L’Art dans Tout, qui prônait un art universel, capable de modeler l’existence entière. À Dijon, où il puisa ses premières inspirations et où son œuvre revient en majesté, l’exposition redonne à Jean Dampt sa place : celle d’un créateur inclassable, flamboyant et secret, dont les images sculptées vibrent encore d’une étrange intensité.

MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE DIJON
Du 7 novembre 2025 au 9 mars 2026
Place de la Sainte-Chapelle, 21000 Dijon