Exposition Gerhard Richter, Soixante ans de visions mouvantes à la Fondation Louis Vuitton

Fondation Louis Vuitton
Du 17 octobre 2025 au 2 mars 2026

 

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Ce n’est pas un miroir. Ce n’est pas une image. C’est quelque chose d’autre. Une matière en suspens entre souvenir, trace et abstraction, entre une lumière ancienne et l’impossibilité d’un récit fixe. Ainsi pourrait-on approcher l’œuvre de Gerhard Richter, que la Fondation Louis Vuitton déploie avec une ampleur inédite dans une rétrospective de 270 œuvres, couvrant plus de soixante ans de création.




Dès les premières salles, un doute s’installe. Les portraits s'effacent, flous comme des souvenirs en fuite. Les photographies devenues peintures convoquent les fantômes d’une Allemagne déchirée, les reflets d’une histoire personnelle tissée d’ombres – un oncle en uniforme, une tante disparue, des bombardiers anonymes. Richter ne peint jamais ce qu’il voit, mais ce qu’il retraduit, ce que la mémoire transforme. Tout passe par un filtre, un intermédiaire, une distance.

Puis viennent les ruptures : les nuanciers, les panneaux de verre, les coulures contrôlées. L’œuvre devient laboratoire, la peinture se délite, se reconstruit. Chaque décennie se fait chantier : abstraction, répétition, hasard, effacement. Richter n’a cessé de déplacer les lignes, de saboter ses propres certitudes. Même lorsqu’il représente sa fille Betty, c’est dans un retournement, un refus de frontalité.

Dans les salles sombres, la série sur le 18 octobre 1977 – tragique et muette – rappelle à quel point le passé allemand affleure toujours, même lorsqu’il se voile de gris. Puis viennent les hommages aux compositeurs, les expérimentations sur verre, les Strip numériques, les derniers éclats de couleur posés au racloir. Et dans un souffle, Birkenau. La série inspirée des photographies prises clandestinement dans un camp d’extermination sidère par sa force contenue.

C’est là, dans ces toiles abstraites pourtant nourries d’une violence indicible, que Richter semble pousser la peinture jusqu’à ses ultimes limites. Car depuis 2017, il ne peint plus. Mais il dessine encore. Et l’on comprend, à la sortie de ce parcours magistral, que chaque œuvre était moins une réponse qu’une question, moins une image qu’un battement.

FONDATION LOUIS VUITTON
Du 17 octobre 2025 au 2 mars 2026
Les lun., mer. et jeu. 11h-20h, ven. 11h-21h, sam. et dim. 10h-20h, fermé le mer.
Tarif : 16€ - TR : 10€ - Gratuit - 3 ans


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