Scandale – Une toile de Caravage vendue avant d’être mise aux enchères

 

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Coup de théâtre à Toulouse : 48 heures avant sa mise en vente aux enchères prévue ce jeudi à la maison Labarbe, une toile attribuée au Caravage intitulée Judith et Holopherne, découverte dans un grenier toulousain en 2014, a été vendue pour une somme inconnue à un acheteur étranger.

Un accord confidentiel

La toile a déjà beaucoup voyagé depuis sa sortie des combles, d’abord présentée à Londres, New-York, puis à l’hôtel Drouot à Paris, elle déclare domicile à Toulouse pour une très courte durée. « L’accord est couvert par un engagement de confidentialité en ce qui concerne le prix et l’identité de l’acheteur » a précisé la maison Labarbe. Le tableau était estimé entre 100 et 150 millions d’euros, mais l’offre de l’acheteur semblait bien plus élevée : « Nous avons reçu une offre qu’il était impossible de ne pas transmettre aux propriétaires du tableau Le fait que cette offre provienne d’un collectionneur proche d’un grand musée a convaincu le vendeur de l’accepter. » souligne l’expert en maîtres anciens Eric Turquin, à qui l’œuvre avait été soumise quelques jours après sa découverte. La toile sera donc prochainement exposée après sa restauration complète et enfin mise en lumière aux yeux de tous.

Une vente qui vient trancher le débat sur l’authenticité

Après sa découverte, l'État avait classé le tableau « trésor national », empêchant, jusqu'en novembre 2018, sa vente à l'étranger. Mais le manque de certitude sur son authenticité et sa valeur ont finalement joué dans sa décision de ne pas s'en porter acquéreur. Le marché de l'art attendait du coup avec fébrilité les enchères prévues, présumées pouvoir atteindre des sommets, jusqu'à 150 millions d'euros. Depuis sa découverte, les experts sont divisés sur cette toile qui représente la scène biblique dans laquelle Judith incarne la résistance du peuple hébreu dans un clair-obscur donc Caravage était le maître. Seulement sa toile comme toutes les autres n’était pas signée, difficile donc de l’authentifier. Caravage refusait d’inscrire son nom sur ses toiles, en raison de cela son nom a souvent été copié, ce qui justifie le trouble auprès des experts internationaux. Eric Turquin y voit un Caravage de haute facture et même révolutionnaire, tant par la vivacité que par le coup de pinceau. Avant lui Nicola Spinoza, expert mondialement reconnu du maître italien avait lui aussi affirmé en 2016 y voir « un Caravage authentique ».

Une toile puissante et mystérieuse

Dans une explosion de violence, la servante Judith tranche le cou du général assyrien Holopherne, qui lève les yeux au ciel, prêt à rejoindre les cieux. Mais d'autres considèrent que cette huile est une copie du peintre flamand Louis Finson (1580-1617), grand admirateur du Caravage et copiste assidu de ses tableaux. Une autre "Judith et Holopherne" du Caravage datant de 1598 existe au Palais Barberini à Rome. Elle diffère de la toile toulousaine, notamment par la représentation de Judith, peinte avec plus de sensualité sous les traits d'une femme plus jeune, vêtue de vêtements clairs. Cet ultime rebondissement vient ajouter une ligne à l'histoire rocambolesque de ce tableau, dont l'origine reste inconnue. Apparemment oubliée dans le grenier toulousain pendant plus de cent ans, l'huile de 144 sur 173 cm avait été retrouvée grise de crasse sous de vieux matelas. Avait-elle été apportée par un aïeul -- un officier d'une expédition napoléonienne -- de la vieille famille toulousaine chez qui le tableau a été découvert, ou est-elle arrivée par d'autres voies ? Le mystère reste total.


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