Claude Monet- Le regard du peintre
Arte
Replay jusqu'au 11 juin 2020
"Quand vous sortez pour peindre, essayez d'oublier quels objets vous avez devant vous. [...] Pensez seulement ceci : voici un petit carré de bleu, de rose, un ovale vert, une raie jaune, et peignez exactement comme ils vous apparaissent, couleurs et formes exactes jusqu'à ce qu'ils vous donnent votre impression naïve de la scène qui se trouve devant vous."
C'est ainsi que Monet résume sa méthode de travail, une peinture par petites touches, reflétant le travail du peintre, loin de la technique académique des années 1860 qui revendiquait une oeuvre lisse. Et c'est cet aspect inachevé de ses toiles qui lui vaudra les foudres de la critique et le rejet du public, à cette époque, comme le souligne le documentaire d'Arte, Claude Monet- Le regard du peintre, disponible en replay jusqu'au 11 juin 2020.
En 1874, aussi étonnant que cela puisse paraître aujourd'hui, il a été refusé des salons officiels et contraint d'ouvrir une exposition associative à laquelle peu de critiques d'art ont accepté de participer. Le journaliste Louis Leroy y a assisté et, découvrant le désormais célèbre tableau Impression, soleil levant, il affubla Monet du terme "Impressionniste", considérant son oeuvre inachevée, peinte fugacement, offrant seulement des sensations. Ce nouveau courant venait de trouver son nom.
Ce documentaire rend justice à ce grand maître qu'est Monet, si tant est que l'on ait encore besoin de vanter ses mérites de nos jours, en rappelant l'étude attentive des lieux qu'il a représentés comme la Seine, la Normandie ou encore Argenteuil et la Gare Saint-Lazare. Chaque endroit témoigne d'une "obsession quotidienne de la couleur", comme il le déclara lui-même. Il acheta même un bateau-atelier pour parcourir la Seine et symboliser ses reflets, variant au fil des saisons et des différents moments de la journée. Il reproduisit avec exactitude ce qu'il avait sous les yeux, allant jusqu'à symboliser le brouillard ou la neige, ainsi que leurs traces sur la nature.
Il s'est également fait témoin de son temps, en peignant la gare Saint-Lazare, synonyme à ses yeux de modernité et de progrès, témoignant d'une attitude positive à l'égard de l'industrialisation.