Une galerie est soupçonnée d’exposer 35 faux dessins de Basquiat
Tout allait bien jusqu’ici pour la galerie Volcano qui ouvrait courant septembre une superbe exposition présentant 35 dessins inédits de Jean-Michel Basquiat. Mais dès les premiers jours, les doutes sur l’authenticité de ces œuvres se sont fait ressentir auprès des experts de l’artiste…
Un doute plane...
Localisée à Nuits-Saint-Georges en Bourgogne, la galerie Volcano présente une trentaine de dessins de Basquiat, rassemblés grâce à l’association Artefact Mundi. C’était l’occasion de proposer une offre culturelle riche et inédite dans la région. Mais à première vue, ces portraits non signés semblent être réalisés avec un trait bien plus grossier et maladroit que dans les œuvres authentiques de l’artiste. Même problème avec les matériaux employés : chaque création a été faite sur du papier à carreaux arraché d’un carnet, tandis que Basquiat griffonnait toujours sur des papiers épais et de bonne qualité pour éviter de les déchirer.
Basquiat chez les faussaires
La polémique a commencé avec la déclaration de Richard Rodriguez, collectionneur et ami de Basquiat. Selon lui, trouver une trentaine de dessins inédits demeure impossible et porte gravement préjudice à la famille de l’artiste. « Tous les dessins sont faux », déclare-t-il après avoir affirmé qu’il s’agit de « grossières imitations ». Ce n’est pas la première fois que le collectionneur parisien fait parler de lui. Il avait déjà alerté la galerie Templon sur la présence de fausses œuvres du peintre sur son stand de la Fiac en 1994. A ce moment-là, le galeriste lui avait intenté un procès en diffamation, qu’il a finalement perdu après que le comité Basquiat a donné raison à Richard Rodriguez.
Cette fois-ci, le commissaire Dominique Viano conteste le doute émis sur l’authenticité des œuvres présentées à la galerie Volcano. Selon lui, son association Artefact Mundi s’est bien assurée qu’il s’agisse de vraies œuvres de Basquiat auprès d’experts comme Enrico Navarra, galeriste et soutien du peintre. Quant aux 35 dessins, il affirme qu’ils proviennent initialement de la collection privée de Danny Rosen, un ami proche de l’artiste underground.
Vrais ou faux ?
Toute la difficulté de cette affaire réside dans le fait qu’il n’existe à ce jour aucun comité scientifique garant de l’authenticité de l’œuvre de Basquiat. Il est alors très coûteux de poursuivre en justice un faussaire. La seule manière de connaître la vérité serait de rechercher le parcours des dessins, du collectionneur initial aux différents marchants qui les ont eus entre les mains. Pour sa part, Richard Rodriguez a contacté l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC), qui doit mener une enquête nous permettant peut-être un jour de connaître l’auteur de ces 35 dessins.