Benjamin Baccarani, l'exposition révélation à la Galerie de l'Europe

Galerie de l'Europe
Du 10 mars au 3 avril 2021





Benjamin Baccarani est ce que l’on appelle une étoile montante de l’art contemporain. A moins de 30 ans, le jeune artiste – plus connu sous le nom de Bacca – a déjà été repéré à la Fiac au Grand Palais, et a exposé ses oeuvres de Paris à Vancouver ou à San Francisco. Aujourd’hui nous nous rendons au cœur de Saint-Germain-des-Prés pour admirer sa nouvelle série qui se présente comme une échappée de la mémoire. A première vue, on découvre des masses de couleurs pop et pastel, laissant apparaître quelques traces diffuses et énigmatiques. De loin, certains verront des motifs abstraits et décoratifs alors que d’autres y verront se dessiner des continents comme une cartographie du monde… Mais ces zones troubles ont bel et bien quelque chose à nous dire. Approchons-nous de ces œuvres, captivé par ce que la toile laquée semble vouloir nous cacher… Observez ici un visage, là un regard, un objet design ou un produit de consommation. Comme des souvenirs qui remonteraient à la surface, si l’on accepte de creuser un peu. Creuser justement, c’est toute l’approche de l’artiste qui écorche alors la matière, travaillée en strates comme les couches du temps qui se seraient accumulées, effaçant progressivement les images sous une peinture épaisse et miroitante. Des images d’un autre temps, encapsulées dans la peinture comme un arrêt sur image qui ravive les mémoires et les sauvent de l’oubli. Car si Bacca fait partie de la génération digitale, il se fait aussi le messager d’un monde qui va vite, parfois trop vite, déversant chaque jour des centaines de millions d’images sur les réseaux sociaux, autant de photographies qui se perdent dans la nébuleuse numérique et que l’on ne regarde plus. A peine capturés dans nos smartphones que ces clichés de l’instant sont déjà obsolètes, dépassés, oubliés. Avec ses œuvres hybrides, mêlant peinture, sculpture dans la matière et photographies, Bacca révèle une maîtrise virtuose de la palette d’un artiste complet.

Le résultat est saisissant. Au-delà des qualités esthétiques de ses toiles, nous nous prenons au jeu, tentant de décrypter ces fragments d’images, exhumés de l’abîme du numérique par l’artiste, comme pour les réveiller d’un trop long sommeil… Un message en filigrane qui nous ouvre les yeux.

 

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L’œuvre hybride de Benjamin Baccarani, artiste français qui commença par étudier la photographie commerciale aux Etats-Unis, se loge sur la crète entre l’oubli et la mémoire : interpellé par la culture de l’image numérique, « Bacca » décide de rompre avec ses projets pour se concentrer sur sa pratique artistique dans laquelle il interroge la relation entre mémoire et photographie, à l’heure où les réseaux sociaux et la logique de l’instantanéité semblent avoir totalement dépossédé les images de leur fonction première. Ainsi l’artiste infuse-t-il dans ses œuvres la rencontre anachronique entre le numérique et la matérialité de certains supports, entre collages, peintures et procédés de tirage, pour évoquer cet appauvrissement du médium photographique. Bacca fait alors revenir d’entre les morts ces images destinées à l’oubli – qui sont déversées chaque jour par centaines de millions sur les réseaux sociaux et presque aussitôt remplacées par d’autres flux – pour leur offrir une consistance inespérée. Avec sa série Escape through the peephole, alliage de peinture acrylique et de collages, l’artiste semble prendre le pouls de la culture digitale à partir de fragments d’images qui composent des sortes de sismographies colorées dans lesquelles se reflète d’ailleurs sa propre image. Peut-être plus fascinant encore est sa série Nystagmus, où l’artiste s’essaye au cyanotype, une technique de tirage photographique (mise au point par l’astronome John Herschel en 1842) qui a pour caractéristique ce rendu bleu cyan si particulier et qui confère un aspect quasi fantomatique aux tirages. Le résultat est effectivement saisissant, dans la mesure où l’artiste convoque des techniques qui pourraient aujourd’hui sembler dépassées car trop coûteuses, trop lentes et au fond trop archaïques, mais qui n’ont pourtant pas perdu de leur puissance révélatrice : le selfie le plus banal, exhumé de l’abîme du numérique, est soudainement sublimé par sa participation à l’œuvre de l’artiste, qui nous invite ainsi à questionner le statut que nous attribuons consciemment ou non aux images. Une exposition à découvrir sans attendre à la Galerie de l'Europe !

Nos photos de l'exposition :

 

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