Les œuvres monumentales de Charles Ray envahissent la Bourse de Commerce pour une exposition historique

Bourse de Commerce
Du 16 février au 6 juin 2022

C’est une découverte pour la plupart des Français. Charles Ray, l’un des sculpteurs américains les plus insaisissables, fait l’objet d’une double exposition à Paris, orchestrée simultanément au Centre Pompidou et à la Bourse de Commerce. Une première pour cet artiste peu conventionnel… Pourtant, de loin, rien de bien saisissant. On admire des sculptures immaculées, de blanc ou d’argent, s’élançant à la manière des marbres grecs dans des espaces dénudés. Des sculptures moins sages qu’elles n’y paraissent, parfois même censurées comme ce jeune garçon tenant une grenouille en mauvaise posture. Un malaise sous-jacent, presque indicible, s’installe chez le visiteur. Un sentiment accentué par l’impression de vide qui entoure les statues. Car l’artiste est obsédé par l’espace, au point même qu’il aurait, selon la légende, fait envoyer une dizaine de caisses vides à un acheteur pour lui rappeler que ses créations ont besoin d’air… pour respirer. Exécution à la lettre ici chez François Pinault. Alors on s’interroge… Que fait ce camion rouillé perdu au milieu de l’exposition ? Une œuvre qui a nécessité 5 années de travail, pendant lesquelles le sculpteur a compressé son vieux pick-up avant de le déplier, dans une extrême minutie, redonnant ainsi vie à cette "ruine" mécanique. Des sculptures intrigantes, dérangeantes souvent, reproduisant de manière troublante le réel en le déformant, comme ces mannequins XXL qui semblent toucher le plafond, ces silhouettes errantes que l’on ne regardait plus avant de les observer dans un musée, ou cet incroyable tronc d’arbre de plus de 10 mètres d’envergure à admirer au Centre Pompidou. Une sculpture d’une tonne et demi, reconstruite de toute pièce ; une salle construite sur mesure pour ce colosse venu en grue dans l’institution parisienne, lui qui n’avait jamais quitté son musée américain. L’artiste métamorphose tel un alchimiste les matériaux, sculptant aussi bien le marbre, le bois ou le ciment, les fibres de verre ou le papier. Comme ici avec cette sculpture étonnante ornée de motifs pop, revisitant avec audace les Vénus allongées de la Renaissance. Nous croisons ensuite le chemin d’une carcasse de tôle, la reproduction parfaite de l’épave d’une voiture hantée par la mort, qui semble presque sereine, figée au paradis des accidents de la route. Et comme pour clôturer cet instant malaisant, l’artiste nous confie avoir convié quelques fantômes dans son exposition… Un équilibre subtil entre un classicisme intemporel et une contemporanéité des plus radicales, pour deux expositions qui devraient faire réagir.

 

15

La Bourse de Commerce étudie l’œuvre de Charles Ray à travers la figure de Janus, incarnation parfaite du double. L’institution parisienne signe une exposition manifeste en réunissant des œuvres rares, dont six inédites, issues de la Collection Pinault, mais également de prêts exceptionnels à d’importantes collections publiques et privées dans le monde. Imaginée en dialogue avec l’artiste, l’exposition propose ainsi une traversée dans l’univers du sculpteur qui, au fil de ses œuvres, s’est radicalisé. Toujours conscient des traditionnels canons esthétiques, l’artiste américain n’a eu de cesse de se renouveler, convoquant au cours de sa carrière divers procédés (acier, fibre de verre, aluminium) et oscillant sans cesse entre travail artisanal et technologie industrielle de pointe. Étrangement, l’exposition constitue finalement, oserions-nous le dire, une leçon d’Histoire de l’art, tant l'œuvre de Charles Ray est imprégnée de la sculpture gréco-romaine, de Rodin ou de Giacometti. Un équilibre subtil entre classicisme et contemporanéité la plus radicale, saisi dans un vocabulaire figuratif hyperréaliste et surdimensionné… à la hauteur de son mystérieux créateur.

 

7

À la même période, le Centre Pompidou consacre lui aussi une exposition à l’artiste.  Un second événement qui offre une lecture complémentaire de l’œuvre du sculpteur américain.
Découvrir l'exposition du Centre Pompidou


Vous aimerez aussi…

Exposition Algérie mon amour, Institut du Monde arabe, Paris - BAYA, Les Rideaux jaunes, 1947. ... Musée IMA AC 95-01
  • Vidéo
  • Contemporain

 Exposition Algérie mon Amour : les artistes de la fraternité réunis à l'Institut du monde arabe

Institut du Monde Arabe
Du 18 mars au 31 juillet 2022

Découvrez Algérie mon Amour, la nouvelle exposition de l'Institut du monde arabe qui réunit les univers de dix-huit artistes algériens de cœur, de naissance ou d’adoption, autour de leur attachement à ce pays.

Ossip Zadkine (1890-1967). Combat avec l'oiseau de Stymphale (c). Lithographie sur papier. 1960. Paris, musée Zadkine.
  • Contemporain
  • Gratuit

Exposition Perspective des corps au Musée Zadkine

Musée Zadkine
Jusqu'au 21 septembre 2024

En écho aux Jeux Olympiques, le musée Zadkine dévoile jusqu'à septembre 2024 une sélection d’œuvres sur le thème du sport et du corps en mouvement.

laurent grasso - abbaye de jumieges - laurent grasso-illustration nuages
  • Contemporain
  • Découverte

Exposition des œuvres de Laurent Grasso à l'abbaye de Jumièges

Abbaye de Jumièges
Du 25 mai au 29 septembre 2024

Laurent Grasso et ses œuvres investissent l'abbaye de Jumièges pour une exposition à l'occasion du festival Normandie impressionniste et nous transportent de l’ombre vers la lumière.

Exposition Le Goût de la renaissance à l'Hôtel de la marine, collection al thani Pier Jacopo Alari Bonacolsi dit l'antico, Méléagre, vers 1484
  • Incontournable
  • Classique

Exposition Le Goût de la Renaissance à l'Hôtel de la Marine

Collection Al-Thani à l'Hôtel de la Marine
Jusqu'au 30 juin 2024

L'Hôtel de la Marine nous propose de découvrir une exposition exceptionnelle et étincelante retraçant plus de 130 pièces d'orfèvrerie, verres, bijoux et textiles.