Exposition Gaulois mais Romains ! au Musée de la Romanité
MUSÉE DE LA ROMANITÉ
Du 29 mai au 4 janvier 2026
Oubliez les menhirs, les moustaches blondes et les druides dans la brume. Cet été, le Musée de la Romanité démonte les clichés les plus tenaces sur nos « ancêtres les Gaulois ». Ceux qui vécurent dans une Gaule déjà traversée d’influences, secouée par la conquête mais jamais dissoute. Ceux qui, au lieu de disparaître, ont inventé une autre manière d’exister. Ni tout à fait celtes, ni tout à fait romains, mais entièrement gallo-romains.
À travers plus de deux cents pièces majeures issues des collections du musée d’Archéologie nationale – sculptures votives, fresques, bijoux, stèles bilingues, objets du quotidien – l’exposition fait émerger une culture de la fusion, née entre résistance, adaptation et réinvention. Un monde composite, aux dieux doubles, aux maisons mixtes, aux gestes hérités, où l’on sacrifie à Mercure autant qu’à Teutatès. Dès les premières salles, les images familières se troublent : le sanglier devient totem, le latin se mêle au gaulois, les villas s’ornent de fresques codées. Le parcours s’ouvre sur un film incisif qui démonte nos représentations – souvenirs d’écoliers, archétypes de bande dessinée – pour mieux faire place à un art de vivre métissé, glissant l’héritage celte dans les cadres de Rome.
Les trésors exposés sont autant de témoignages de cette fusion sensible entre deux cultures : une somptueuse voûte peinte aux Quatre Saisons, reconstituée pièce par pièce après avoir été détruite au XIXe siècle ; une panoplie d’objets votifs d’une puissance archaïque ; des fragments de villa, de thermes, d’amphores, qui racontent un art de vivre importé, puis adopté – et adapté. Ni simple annexion, ni rupture radicale, l’histoire que raconte cette exposition est celle d’une culture souterraine, d’une mémoire recomposée, d’une identité mouvante. Celle qu’on appelle aujourd’hui gallo-romaine, et qui fait la trame invisible de nos paysages, de nos langues, de nos noms de lieux. Une culture qui, loin de s’être effacée, a changé de forme. Comme un feu discret sous les pierres.
Zoom sur…
1 - Un sanglier en guise de préjugé
À l’entrée de l’exposition, un imposant sanglier de pierre accueille les visiteurs. Il n’est là ni pour flatter les amateurs d’Astérix, ni pour raviver les clichés : c’est le vrai totem celte, animal sacré et protecteur dans la culture gauloise. Un pied de nez assumé à nos images d’Épinal, et un point de départ pour interroger tout ce que l’on croit savoir.
2 - Une voûte reconstituée à l’ancienne
Parmi les chefs-d’œuvre présentés, une spectaculaire voûte peinte aux Quatre Saisons a été remontée dans l’exposition pièce par pièce, comme un puzzle archéologique. Elle ornait autrefois un bâtiment public du site d’Autun. Détruite au XIXe siècle, elle a été patiemment restaurée, révélant la finesse d’un art décoratif à mi-chemin entre le classicisme romain et la sensibilité locale.
3 - Des offrandes anatomiques à Mercure
Parmi les objets les plus troublants de l’exposition, des offrandes anatomiques en terre cuite – yeux, jambes, organes, seins – étaient déposées dans les sanctuaires pour guérir ou remercier. Témoignage brut d’un rapport intime aux dieux, dans lequel le corps souffrant devenait message sacré.
MUSÉE DE LA ROMANITÉ
Du 29 mai au 4 janvier 2026
16 boulevard des Arènes, Nîmes