Une matière en trop, une idée en plus

Ni musée, ni déchetterie : un atelier d’art vivant. C’est ainsi que se rêve l’exposition Recycle art, rassemblant cinq  artistes qui partagent une même obsession – celle de redonner forme  et souffle à ce que notre monde rejette. Filets usés, rebuts industriels,  laisses marines, chutes de bois ou objets orphelins se transforment ici  en œuvres organiques, en paysages flottants, en jardins improbables,  en espèces hybrides. Visite en 5 coups de cœur. 

Le corail plastique
Laurence Aellion tisse, noue, et fond des filets usés et câbles colorés en bouquets marins mutants. Des sculptures suspendues, vibrantes de rouges, de violets ou de verts acides, évoquant les anémones, les viscères ou les algues d’un monde en alerte. Une œuvre sensorielle et politique, qui réinvente le plastique en matière poétique.

La brodeuse de marées
Elle glane sur les plages, récolte les algues et les fragments marins comme d’autres cueillent des souvenirs. Puis elle brode, assemble, compose. Les « laisses de mer » deviennent des paysages oniriques, fragiles, où la haute couture flirte avec les abysses. Maëlle de Coux nous plonge dans une mer intérieure, sensorielle et subtilement hantée.

Le taxidermiste d’utopies
Chez lui, tout est possible : une coquille d’huître née d’un pare-brise fondu, un oiseau géant à plume végétale, une branche recouverte de peau animale. Laurent Gongora compose des cabinets de curiosités avec les restes du monde. Ses créations hybrides, entre réel et fabulation, troublent le regard et éveillent un imaginaire naturaliste hors-sol.

L’archéologue du banal
Elle attend. Longtemps parfois. Que les fragments oubliés, les chutes de bois, les restes de rien lui parlent enfin. Pascale Ract assemble ses matériaux comme des souvenirs suspendus. Dans ses installations verticales, chaque pièce semble animée d’une mémoire artisanale. Elle ne recycle pas, elle réveille.

La bricoleuse de merveilles
Des peluches démembrées, des luminaires orphelins, des outils désuets et des robots brinquebalants : Angèle Riguidel en fait des forêts lumineuses, des brocantes magiques, des jardins dystopiques. Elle détourne, éclaire, ressuscite. Ses œuvres jouent avec l’enfance et l’oubli, entre kitsch enchanté et conscience aiguisée. Du rebut naît l’étrange beauté.

ESPACE D’ART CHAILLIOUX
Du 13 sept. au 20 déc. 2025
7 rue Louise Bourgeois, 94260 Fresnes
Du mar. au ven. 14h-18h, sam. 14h-19h, fermé le lun
Entrée libre
www.art-fresnes94.fr