Tender Buttons, quand le détail devient art...

Jusqu’au 4 octobre 2026
Musée Ariana

 

1

On croit savoir ce qu’est un bouton : un petit rond utile, un geste machinal pour fermer une manche. Au Musée Ariana, à Genève, ce minuscule objet prend une tout autre dimension. Sur la galerie en libre accès, une exposition patiente et précise fait basculer l’accessoire dans l’œuvre : matières, reliefs, transparences, graphismes… Le bouton devient micro-sculpture, architecture portative, tableau de poche. Et l’on découvre, à hauteur de main, combien l’art et l’artisanat s’y nouent intimement.

Le point de départ tient en quelques disques céramiques conçus par Lucie Rie, grande dame du grès et des émaux. Offerts récemment au musée, ils tracent une ligne claire : ici, pas de nostalgie de mercerie, mais l’examen rigoureux d’un territoire de création. Autour de ces pièces, plus de trois cents boutons en céramique et en verre, du XVIII siècle à nos jours, dialoguent avec des œuvres des collections de l’Ariana. L’ensemble, orchestré par Claire FitzGerald, conservatrice en chef, s’empare d’un format minuscule pour raconter une histoire ample : celle des gestes, des techniques et des usages, là où la beauté se décide en quelques millimètres. Le parcours joue un vrai « jeu d’échelle ».

Dans une scénographie de Lucie de Martin qui évoque les passages couverts du XIX siècle – époque où l’industrialisation du bouton en porcelaine et en verre bat son plein –, les vitrines avancent comme des étals d’un grand bazar éclairé. On circule de proche en proche, sans emphase ni leçon : on compare des surfaces, on lit des couleurs, on mesure des épaisseurs, on devine la chaleur d’un four, la pression d’un moule, la délicatesse d’une gravure, la décision d’un polissage. L’œil voit, mais c’est la main qui comprend. Presser une pâte, percer, couler du verre, émailler, cuire… Sur un diamètre de rien, s’invente une typographie de l’utile : deux ou quatre trous, une queue, un rebord, une corolle… À cette échelle, la moindre variation devient choix plastique.

La série — essentielle au monde de l’estampe et de la céramique — se lit ici en lignes de petites différences : un bleu plus dense, une brillance moins franche, une tranche adoucie… L’atelier laisse des signes, la matière répond, la lumière tranche. Une exposition qui nous prouve, avec tact, que l’art et l’artisanat ne sont pas deux mondes parallèles mais une même phrase, écrite tantôt à la majuscule, tantôt en minuscule. 

MUSÉE ARIANA
Jusqu’au 4 octobre 2026
Entrée libre 
Avenue de la Paix 10, 1202 Genève 

 


Vous aimerez aussi…

  • Découverte
  • Dessin

De Manet à Kelly, L’art de l’empreinte

Du 12 décembre 2025 au 14 juin 2026
Fondation Pierre Gianadda

Rassembler 178 chefs-d’œuvre de l’estampe du XIXᵉ au XXIᵉ siècle, c’est proposer une autre histoire de l’art : celle de l’encre, du métal, du papier et du geste répété.

Dorothea Tanning, Spannung, Detail, 1942, Schenkung Sammlung Ulla und Heiner Pietzsch an das Land Berlin 2010
  • Contemporain
  • Incontournable

Exposition De Max Ernst à Dorothea Tanning à la Neue Nationalgalerie, Allemagne

Neue Nationalgalerie, Allemagne
Du 17 octobre 2025 au 01 mars 2026

Exposition De Max Ernst à Dorothea Tanning à la Neue Nationalgalerie : un siècle de surréalisme à travers l’exil, la mémoire et les parcours d’œuvres déplacées.

n
  • Contemporain
  • Incontournable

Exposition Delcy Morelosn, Madre au Hamburger Bahnhof, Nationalgalerie, Allemagne

Hamburger Bahnhof, Nationalgalerie, Allemagne
Du 11 juillet 2025 au 25 janvier 2026

Exposition Delcy Morelos, Madre au Hamburger Bahnhof : une immersion sensorielle où terre, odeurs et mémoire incarnent un cri organique et politique.

Emily Kam Kngwarray, Ntang Dreaming 1989
  • Contemporain
  • Incontournable

Exposition Emily Kam Kngwarray, Couleurs et Racines au Tate Modern, Royaume-Uni

Tate Modern
Du 10 juillet au 11 janvier 2026

Exposition Emily Kam Kngwarray, Couleurs et Racines au Tate Modern : une immersion vibrante dans l’art aborigène entre mémoire, abstraction et territoire.