Martin Parr inaugure le quai de la photo avec Life's Beach

Quai de la photo
Du 20 juillet au 24 septembre 2023

 

5

Après l'expression de "marché du travail", parlerons-nous "d'industrie des vacances" ? Telle est la question que semble nous poser Martin Parr à travers son exposition "Life's Beach" qui vient inaugurer le quai de la photo.

Par son œil acerbe, presque cynique, le plus punk des photographes britanniques dresse un panorama de toutes les bizarreries et excentricités du tourisme de masse avec une série de clichés digne de sa réputation de chroniqueur des temps modernes. Car ce n'est pas pour rien que l'on utilise parfois le terme de "relâche" pour qualifier les vacances, cette période où l'on décompresse de toutes les contraintes de la vie quotidienne, de toutes ces conventions auxquelles on se conforte jour après jour. Alors, une fois en congés, on laisse tout ça de côté pour laisser parler notre corps et son désir insatiable de confort et de frénésie. On sort les barbecues sur la plage, le slip aux couleurs de l'Amérique, les ballons en plastique, les transats et les cache-œils pour s'adonner à des sessions d'entertainment et de farniente que Martin Parr a sublimement capturé, nous laissant face à des situations et des expressions hilarantes iconiques.

Mais au fur et à mesure que l'on explore cette exposition, l'euphorie initiale laisse progressivement sa place à une once de malaise. Car lorsque l'on dézoome, ce n'est plus l'expression de la grand mère insouciante que l'on voit, mais le paysage de populations entassées sur la plage de l'Ocean Dome dans la plus grande des promiscuité. On réalise d'ailleurs que cette plage est purement artificielle et montée sur mesure pour satisfaire tous les excès, même au détriment de la raison. On ne peut dès lors plus voir l'exposition de la même manière : ce ne sont plus des scènes d'amusement et de plaisir que l'on voit, mais une série de preuves de la démesure des humains, de leur tendance à la superficialité qui s'incarne dans une série de produits et de situations qui semblent être des créations toutes faites des campagnes marketing. Même les vacances et leurs desseins seraient devenus de la marchandise ?

Comme à chaque exposition du photographe britannique, on finit par ressortir avec un florilège de sentiments contradictoires. À croire qu'il s'agissait de son objectif. Immortaliser l'humain et toutes ses facettes et subtilités, n'est-ce après tout pas le rôle du photographe ? C'est en tout cas celui de Martin Parr...

Plus d'informations ici

Vous aimerez aussi…

zGwPtmzw
  • Gratuit
  • Contemporain

Susanna Inglada, le dessin debout au Drawing Lab

Du 13 février au 10 mai 2026
Drawing Lab

Susanna Inglada réinvente le dessin en art sculptural et politique : silhouettes fragmentées, papier et céramique dévoilent violence, pouvoir et résistance.

  • Contemporain
  • Gratuit

Joseph Albers, l'art des carrés colorés

Du 15 janvier au 21 mars 2026
Galerie David Zwirner

Il suffit parfois de deux formes presque jumelles pour faire basculer une certitude. L’exposition que David Zwirner consacre à Josef Albers orchestre précisément ce trouble : un jeu d’échos, de glissements infimes, d’écarts millimétrés qui redéfinissent notre manière d’appréhender la couleur.

  • Contemporain
  • Gratuit

Emily Mason, et si on libérait l'abstraction ?

Du 10 janvier au 14 mars 2026
Galerie Almine Rech

L’abstraction peut tonner, s’imposer, envahir l’espace. Emily Mason a choisi l’exact inverse. L’exposition qu’Almine Rech consacre à cette figure majeure de la scène américaine révèle une peinture débarrassée du vacarme héroïque des années 1950, une œuvre qui avance par lumière plutôt que par emphase.

© Fury Marie Quéau
  • Découverte
  • Photo

La FURY de Marie Quéau, objectif survie...

Jusqu’au 8 février 2026
Le Bal

Chuter. Plonger. Encaisser. Recommencer. Chez Marie Quéau, tout commence par l’impact. Cascadeurs, apnéistes, acteurs en transe, corps en colère dans une fury room : l’artiste filme et photographie l’humain au bord du vertige.