Exposition L'Œuvre du temps par Philippe Cognée au musée Paul Valéry
MUSÉE PAUL VALÉRY - Sète
Du 21 juin au 2 novembre 2025
Depuis les années 1980, il compose une œuvre aussi radicale qu’introspective, traversée par l’image comme par un vertige. Pourtant, jamais encore le travail de Philippe Cognée n’avait été envisagé sous l’angle central de sa relation au temps – ce fil invisible qui traverse ses toiles, ronge les contours, creuse la matière.
C’est tout l’enjeu de la grande rétrospective orchestrée par le musée Paul Valéry, à Sète, qui dévoile plus de cent œuvres dans un parcours aussi dense que fascinant, embrassant quarante ans de création. Le temps, chez Cognée, n’est pas un thème : c’est une texture. Sa technique singulière, faite d’encaustique mêlée à des impressions photographiques passées à la chaleur du fer, produit des images fantomatiques, comme voilées par l’usure. Rien ici ne se donne frontalement. L’image devient résidu, empreinte d’un monde qui s’efface à mesure qu’il se montre. Cognée ne peint pas pour fixer, mais pour faire vibrer. Ses motifs récurrents – paysages urbains, zones périurbaines, silhouettes indistinctes, objets du quotidien – forment un lexique d’apparitions. Une mémoire visuelle collective qu’il malmène, distord, refond, jusqu’à lui rendre une charge affective presque tactile. On croit reconnaître un carrefour, une vitrine, un homme de dos. Mais déjà l’image s’efface, comme si elle hésitait entre mémoire et oubli.
Dans cette exploration du temps comme matière picturale, il dialogue en creux avec des figures telles que Gerhard Richter ou Georg Baselitz. Tous trois interrogent la validité de l’image dans un monde saturé de représentations. Mais là où Richter s’emploie à brouiller les frontières entre photo et peinture, Cognée révèle, dans le flou même, une intensité du réel. Il ne cherche pas la beauté du motif : il en capte la survivance. Il peint le présent comme une archive, un fragment de durée, un intervalle qui pulse.
Dans cette exposition inédite, c’est toute une vie de peinture qui se donne à lire comme une stratigraphie de la mémoire, une tentative d’inscrire la fugacité dans la matière. Philippe Cognée impose ici son œuvre comme l’une des plus bouleversantes méditations plastiques sur le temps à l’œuvre dans la peinture contemporaine.
MUSÉE PAUL VALÉRY
Du 21 juin au 2 novembre 2025
148 rue François Desnoyer, Sète
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