Rencontres d’Arles 2025 : un festival photographique d'images indociles

Rencontres d’Arles 2025
Du 7 juillet au 5 octobre

Ce ne sont plus des images à contempler, mais des regards à écouter. Des voix qui contestent, réparent, transmettent. Cette 56e édition du festival, placée sous le signe du dialogue et de l’insoumission, redonne à la photographie son pouvoir d’ébranlement et de transformation. Entre réécritures du passé, résistances aux récits dominants et émergence de formes hybrides, les artistes convoquent des mémoires invisibles, des appartenances mouvantes, des cartographies affectives.





Du Brésil à l’Australie, en passant par les favelas, les routes américaines, les archives oubliées ou les chambres intimes, l’image devient lieu de revendication et d’invention. Loin de tout folklore, la saison tisse une fresque polyphonique, où les photographies vernaculaires croisent les expérimentations formelles, les figures mythiques dialoguent avec les voix émergentes, et l’intime rejoint le politique. Une saison pensée comme une échappée vers des territoires de sens en mouvement ; une saison qui vibre, qui résiste.

Du 7 juillet au 5 octobre
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1

YVES SAINT LAURENT ET LA PHOTOGRAPHIE

Ils sont des dizaines à l’avoir photographié, capturé, sublimé. Avedon, Moon, Doisneau, Sieff, Newton… tous fascinés par cette silhouette fine, ce regard mélancolique et cette élégance tranchante. Une plongée inédite dans les liens profonds qu’Yves Saint Laurent a tissés avec la photographie, entre icônes de mode et fragments intimes.

LA MÉCANIQUE GÉNÉRALE
33 avenue Victor Hugo, Arles


2

STÉPHANE COUTURIER : EILEEN GRAY/LE CORBUSIER [E-1027+123]

Tout commence avec Eileen Gray, designeuse irlandaise de génie, qui imagine en 1926, avec l’architecte Jean Badovici, une maison pionnière tournée vers la mer : la villa E-1027. Un manifeste de modernité, pensé dans les moindres détails – du mobilier au rythme des baies vitrées. Une œuvre d’auteur, sensible et ouverte. Dix ans plus tard, Le Corbusier s’impose dans la villa. Il y peint des fresques sans l’accord d’Eileen Gray. Des fresques puissantes, envahissantes, qui bouleversent l’équilibre du lieu et signent une appropriation très controversée. Elle, blessée, n’y remettra jamais les pieds. C’est cette histoire trouble, ce face-à-face posthume, que Stéphane Couturier revisite aujourd’hui. Grâce à des surimpressions, des fusions d’images et des jeux de transparences, il fait dialoguer les lignes épurées de Gray avec les peintures explosives de Le Corbusier.

ABBAYE DE MONTMAJOUR
Route de Fontvieille, Arles


3

CLAUDIA ANDUJAR : À LA PLACE DES AUTRES

Dans la lumière trouble d’un monde menacé, Claudia Andujar photographie sans voler. Elle recueille. Elle donne à voir. À travers son travail auprès du peuple Yanomami, elle pose une question simple et abyssale : comment habiter le regard de l’autre sans l’écraser ? Cette exposition, à la fois politique et poétique, rend visible la fragilité du lien entre domination et humanité.

MAISON DES PEINTRES
45 boulevard Émile-Combes, Arles


4

ERICA LENNARD : LES FEMMES, LES SŒURS

Elles sont sœurs, amies, complices. Dans les années 1970, Erica Lennard invente un langage photographique au féminin, faisant du flou une caresse et de l’image une confidence. Portraits de sa sœur Elizabeth et de leurs proches, archives inédites et texte de Marguerite Duras racontent cette œuvre fondatrice, entre utopie, sensualité et sororité assumée. Bouleversante.

ESPACE VAN GOGH
Place Félix Rey, Arles


5

KOURTNEY ROY : LA TOURISTE

Sous ses faux airs de carte postale glamour, le monde de Kourtney Roy est bien fragile. L’autoportrait devient théâtre, le kitsch prend des

tournures inquiétantes. En détournant les clichés du tourisme, Roy construit une satire mordante de nos vacances rêvées, figées pour toujours dans une image trop parfaite.

ANCIEN COLLÈGE MISTRAL
2 rue Condorcet, Arles






6

ON COUNTRY : PHOTOGRAPHIE D’AUSTRALIE

Ici, le territoire n’est pas un décor : c’est une mémoire vive, une ligne sacrée, une voix silencieuse. Le collectif australien réunit ici un autre récit de la photographie : non plus comme regard extérieur, mais comme appartenance intime. La terre n’est pas un objet photographié, elle est sujet. Vibrant.

ÉGLISE SAINTE-ANNE
8 pl. de la République, Arles


7

LETIZIA BATTAGLIA : J’AI TOUJOURS CHERCHÉ LA VIE

Elle avait marqué les Rencontres en 2023. Elle revient, plus forte encore. Letizia Battaglia, photographe sicilienne iconique, poursuit ici sa rétrospective avec un accrochage consacré à ses portraits de femmes, d’enfants, de quartiers oubliés. On y lit la rage, l’amour, la lumière de Palerme comme un écho intime à tous les visages du monde.

CHAPELLE SAINT-MARTIN DU MÉJAN
Place Nina Berberova, Arles


8

LE MONDE DE LOUIS STETTNER (1922-2016)

Il fut l’un des grands passeurs entre New York et Paris, entre les luttes sociales et la beauté du monde. Louis Stettner, figure majeure de la photographie du XXe siècle, a capté avec la même intensité les ruines d’Hiroshima, les stations de métro, les gestes des travailleurs ou la lumière des Alpilles. Près de 150 tirages, collages, documents, pour retracer une œuvre profondément humaniste, politique et libre.

ESPACE VAN GOGH
Place Félix Rey, Arles


9

CAROLINE MONNET : ÉCHOS D’UN FUTUR PROCHE

Caroline Monnet convoque l’histoire, le politique, l’architecture mentale et les corps invisibles. Figure montante de la scène autochtone canadienne, elle imagine ici un futur débarrassé des dominations passées, un monde spéculatif où les formes géométriques rencontrent la mémoire ancestrale. Photographies, vidéos et installations s’agrègent ici comme un lexique en construction.

LA MÉCANIQUE GÉNÉRALE
33 Av. Victor Hugo, Arles


10

CAMILLE LÉVÊQUE : À LA RECHERCHE DU PÈRE

Il se tient là, dans un coin de nos histoires, silhouette trouble, à la fois socle et ombre. Le père. Figure fondatrice ou effacée, imposante ou fuyante. Depuis dix ans, Camille Lévêque le cherche. Non pour le retrouver, mais pour le questionner. Interroger ce qu’il incarne, ce qu’il symbolise, ce qu’il laisse en héritage. Elle nous livre ici une enquête intime et collective, une fresque visuelle qui se déploie comme un labyrinthe de souvenirs, de récits croisés, de confrontations douces ou brutales. Albums de famille trafiqués, objets cultes à la gloire de l’autorité paternelle, collages absurdes, montages grinçants, photos floues où le père semble toujours prêt à s’effacer. Nous traversons un salon bourgeois, un confessionnal, un vestiaire d’hommes, un terrain vague peuplé de fantômes. Nous entendons des voix, celles de pères, de fils, de prêtres, de travailleuses du sexe. Chacun livre un fragment de ce récit impossible à unifier, ce puzzle affectif qui s’appelle « papa ».

GROUND CONTROL
3 Rue Jean Gorodiche, Arles


11

NAN GOLDIN : SYNDROME DE STENDHAL

C’est une plongée sans filtre, un vertige émotionnel. Nan Goldin, icône de l’intime et des marges, revient avec une exposition puissante qui confronte le visiteur à la sidération esthétique. Dans Le Syndrome de Stendhal, les corps, les douleurs, les joies extrêmes, les addictions et les amours se croisent dans une lumière crue, incandescente, bouleversante.

ÉGLISE SAINT-BLAISE
33 rue Vauban, Arles


12

BATIA SUTER : OCTAHYDRA

Dans les galeries souterraines des Cryptoportiques, l’installation Octahydra de Batia Suter érige une cathédrale de fragments, un paysage mental au cœur duquel l’architecture pense, observe, se souvient. Née d’un assemblage d’images glanées dans des ouvrages oubliés, manipulées, recomposées, transfigurées, l’œuvre trace un chemin à travers la mémoire collective et les tensions invisibles du bâti. Les façades s’effacent, se fondent, se recomposent en visages. Certaines masses imposantes s’érigent comme des totems d’autorité ; d’autres structures, plus frêles, racontent l’ingéniosité d’une humanité contrainte, résiliente, lucide. Octahydra nous invite à traverser une topographie intérieure, faite de constructions mentales et de tremblements d’émotion. Dans ce récit spatial, l’architecture cesse d’être décor pour redevenir langage.

CRYPTOPORTIQUES
Place de la République, Arles


13

CONSTRUCTION, RECONSTRUCTION, DÉCONSTRUCTION

Ils étaient une trentaine, réunis à São Paulo dans un club d’amateurs visionnaires. Entre utopie, rupture et audaces formelles, ils ont réinventé la photographie brésilienne du XXe siècle. À Arles, l’exposition consacre ce foyer moderniste méconnu : le Foto Cine Clube Bandeirante, creuset d’images en mutation et manifeste d’un Brésil en construction.

LA MÉCANIQUE GÉNÉRALE
33 av. Victor Hugo, Arles






14

OLIVIER CHRISTINAT : PAS UN JOUR SANS UNE NUIT

Un titre comme un vers. Une série comme une fugue. Olivier Christinat, familier des frontières troubles entre réel et fiction, présente ici deux volets : l’un tourné vers l’absence, l’autre vers la pulsation du visible. L’image devient vibration. Silence. Résidu. Ce n’est pas un reportage. C’est une respiration.

CROISIÈRE
65 bd Emile Combes, Arles


15

KEISHA SCARVILLE : ALMA

Elle ne dit pas la douleur. Elle la montre. Dans la salle Henri Comte, Keisha Scarville orchestre une exposition d’une grâce poignante, en dialogue avec l’absence. Draps imprimés, habits maternels, silhouettes voilées d’ombres et de lumière composent un rituel visuel de réincarnation. Un acte d’amour qui fait du deuil une œuvre.

SALLE HENRI COMTE
28 rue de l’Hôtel de ville, Arles


16

DIANA MARKOSIAN : PÈRE

Que reste-t-il d’un père qu’on a quitté sans adieu ? À travers photos documentaires, archives et reconstitutions, Diana Markosian explore l’absence, la mémoire et la réconciliation. Une quête intime née d’un départ brutal à l’âge de sept ans, et d’un silence long de quinze années.

ESPACE MONOPRIX
Bd Emile Combe, pl. Lamartine, Arles


17

SIGMAR POLKE : SOUS LES PAVÉS, LA TERRE

Et si l’œuvre de Sigmar Polke était l’antidote le plus radical aux images trop bien cadrées ? La Fondation Vincent Van Gogh choisit de convoquer un trublion de l’image, un maître du doute visuel : Sigmar Polke, signant ici une exposition qui vient troubler les conventions, et injecter dans la saison arlésienne une salutaire dose d’instabilité.

FONDATION VINCENT VAN GOGH
35 ter rue du Docteur-Fanton, Arles


18

BÉATRICE HELG : GÉOMÉTRIES DU SILENCE

Quand tout bruisse d’images à Arles, elle choisit le silence. Et le silence, chez elle, a des volumes, des tensions, des lumières presque sacrées. En plein tumulte des Rencontres, l’œuvre de Béatrice Helg vient poser une respiration, une suspension, une architecture

intérieure. Le Musée Réattu accueille la première grande rétrospective française de cette photographe suisse inclassable, à rebours de toute image facile.

MUSÉE RÉATTU
10 rue du Grand-Prieuré, Arles


19

KIKUJI KAWADA : ENDLESS MAP – INVISIBLE

Soixante-cinq ans de quête intérieure, d’expérimentations visuelles et de visions sidérantes : Kikuji Kawada, figure tutélaire de la photographie japonaise, orchestre ici un bouleversant dialogue entre mémoire collective, vertige cosmologique et obsessions post-modernes.

VAGUE
14 rue de Grille, Arles


20

GEORGES ROUSSE : UTOPIA

Un cloître de silence, des voûtes millénaires, et soudain, deux cercles d’or suspendus dans l’ombre. Georges Rousse est passé par là. Avec Utopia, le photographe et plasticien poursuit son art de la métamorphose des lieux, en déposant sur les murs romans de La Celle des illusions picturales d’une précision mathématique. Une utopie sans tapage, mais avec cette puissance rare de nous faire douter du réel.

ABBAYE DE LA CELLE
9 pl. des Ormeaux, La Celle


21

LE MUSÉE BLEU, UNE ARCHITECTURE COULEUR DU TEMPS

Un bâtiment devenu mythe. 30 ans après son inauguration, le « musée bleu » revient sur son histoire à travers une exposition-souvenir, hommage à l’audace de son architecture comme à la richesse de ses collections. Témoignages, photographies, maquettes et récits ravivent une mémoire collective partagée.

MUSÉE DÉPARTEMENTAL ARLES ANTIQUE
Presqu’île du cirque romain, Arles



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