Il fut un temps où fuir la ville ne relevait pas du luxe moderne, mais d’un art de vivre soigneusement cultivé. En ces siècles où l’été écrasait Paris sous sa lourdeur, une élite raffinée s’éclipsait vers les campagnes alentours. Là, loin du tumulte, fleurissaient des maisons de plaisance, pavillons gracieux, folies architecturales ou majestueux châteaux posés dans l’écrin d’une nature apprivoisée. Ces demeures, éclats d’une richesse ostentatoire autant que refuges d’intimité, racontent une autre histoire : celle d’un monde en mutation.

Le musée du Domaine royal de Marly nous invite à redécouvrir ces villégiatures oubliées, érigées entre Louis XIV et Napoléon III, à travers une exposition qui fait dialoguer estampes, peintures et objets précieux avec ses collections. Là où l'ombre des forêts franciliennes offrait jadis un abri aux âmes fortunées, s'esquisse un art de vivre aussi épris de raffinement que de nature.

Quelque soixante-dix œuvres nous plongent au cœur des réceptions les plus fastueuses du Petit Trianon, dans les jardins sophistiqués de Sceaux ou les secrets des fantaisies bucoliques du Hameau de la Reine... Désir d'évasion, intimité retrouvée, émergence d'une bourgeoisie conquérante... Ici, les femmes imposent peu à peu leur présence, les plaisirs se diversifient, et la nature, devenue complice, redessine les contours du quotidien.

Des palais des champs, si vivants alors, qui affrontent aujourd'hui d'autres défis. À l’heure où le Grand Paris engloutit peu à peu ses anciens confins, les vestiges de la villégiature francilienne se dressent comme des témoins fragiles, tiraillés entre préservation et modernité. Le musée nous rappelle, à travers ces souvenirs d’élégance et de liberté, combien l'équilibre entre ville et nature fut, déjà, un rêve ardent.

Musée du Domaine royal de Marly
Du 11 avril au 31 août 2025