Il avait l’élégance d’un dandy, la fougue d’un voyageur, la liberté d’un sculpteur instinctif. Paul Troubetzkoy n’était pas tout à fait russe, ni tout à fait italien, ni seulement parisien : il était les trois à la fois, prince de naissance et artiste par vocation.

Cet insaisissable maître du bronze revient dans la lumière avec une rétrospective éblouissante au musée d’Orsay, la toute première en France à lui être consacrée. Sculpteur autodidacte révélé à Milan, adoré du tout-Paris, ami de Tolstoï et de George Bernard Shaw, portraitiste des élites et des premières stars américaines, Troubetzkoy traverse la Belle Époque en fixant, à coups de doigts, les frémissements d’un monde en mutation. Sa matière vibre, accroche la lumière, épouse les gestes comme un peintre impressionniste cisèle sa touche. Il refuse le lisse, fuit l’académisme, cherche l’élan plutôt que la pose. Ses modèles – mondains, mécènes, intellectuels, animaux – semblent toujours sur le point de s’animer. C’est là toute la modernité de son style. En réunissant portraits, sculptures animalières, pièces rares, l’exposition dessine aussi un autre visage de Troubetzkoy : celui d’un fervent défenseur de la cause animale, avant l’heure. À travers ses bustes mordants et ses silhouettes frémissantes, c’est toute une époque qui s’incarne – élégante, vibrante, déjà sur le déclin..

Paul Troubetzkoy, sculpteur
Musée d’Orsay
30 septembre 2025 – 11 janvier 2026
9h30 – 18h (jeudi jusqu’à 21h45), fermé le lundi
Tarif : 16 € / TR : 13 € / Gratuit -26 ans
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