L'univers d'Alexandra Bircken de A à Z dans la nouvelle exposition gratuite du CRAC Occitanie
CRAC Occitanie
Jusqu'au 22 mai 2022
Une bécane scindée en deux, un châssis de voiture à ciel ouvert, une combinaison de moto accrochée à un mur blanc… Un décor qui n’est pas celui d’un évènement automobile, mais bien l’espace d’exposition d’Alexandra Bircken. Entre les murs du CRAC Occitanie (Centre Régional d’Art Contemporain), l’artiste allemande dévoile son rapport humain aux machines, un lien toujours présent, souvent trouble. Dans une mise en scène baptisée "A-Z", qui s’apparente presque à une grande autopsie, Alexandra Bircken sectionne, sépare, pour mieux recomposer.
Depuis plus de deux décennies, cette originaire de Cologne pose la question du corps au cœur de sa pratique. En interrogeant sa fragilité, sa vulnérabilité, l'artiste questionne également ce qui lui confère son pouvoir. Au travers des plus belles enveloppes qui les protègent (biologiques, textiles ou mécaniques), elle raconte la position des corps face aux engins. Alexandra Bircken développe ici une sculpture protéiforme, mêlant intimement éléments organiques et objets industriels, dans des œuvres aux gestes de couture, de déchirure et d’assemblage apparents. Ainsi, il n’est pas impossible d’apercevoir dans ses œuvres des cheveux greffés sur un vêtement, ou des branches d’arbres habillées de tricot. Des associations hétérogènes, presque opposées, qui donnent vie à des objets surréalistes, souvent étranges, comme à la croisée de plusieurs mondes. En résulte une plongée dans les entrailles les plus profondes, dans ce qu’il y a à l’intérieur des motos, des jouets pour enfants, des machines, pour savoir « comment ça marche ».
Et si elle aborde la question de la blessure, de la nette séparation, l’artiste offre en retour dans cette exposition des formes de réparation possibles. Par les prothèses et les reconstructions, Alexandra Bircken donne à voir des nouvelles façons d’envisager les corps, en lien constant avec le monde qui les entoure. La peau, le vêtement, l’architecture : autant de façons de séparer l’organisme de son environnement, que de le protéger, de le réparer. Dans le monde fascinant du corps et de ses habits, de ses carapaces, Alexandra Bircken s’empare également de l’identité, au travers d’une approche fluide et mutante. En fusionnant des objets traditionnellement associés aux univers féminins (cheveux, couture, tricot) avec ce que l’imaginaire attribue au masculin (combinaisons de moto, objets mécaniques), elle se joue des catégories imposées, et des dualismes trop prononcés. Par enchevêtrements au cœur d’une mutation qui ne connait pas de règles, l’artiste fait des espaces du CRAC un organisme complet dont chaque œuvre devient une composante à part entière. Entre fils, nœuds, nerfs et synapses, évoquant tour à tour la destruction et la reconstruction, la plasticienne interroge ici les rapports de pouvoir entre les Hommes le temps d’une exposition, pour raconter l’univers Alexandra Bircken… de A à Z.
CRAC OCCITANIE
Jusqu'au 22 mai 2022