Il peint comme on déchire le rideau moiré d’un salon trop bien tenu. Thierry Bruet débarque en majesté à la Galerie MR8 avec quarante toiles grands formats, toutes en huile, toutes impudiques, toutes ravageuses.

Ses personnages emperruqués aux regards fixes, ses femmes en peignoir Dior juchées sur des trottinettes vert pomme, ses messieurs d’âge mûr figés dans des poses de martyr antique, tous glissent dans un théâtre de la cruauté d’un genre très chic. Le peintre maîtrise les codes des anciens – Caravage, La Tour, Bacon, Freud – pour mieux les détourner.

Dans La Trottineuse ou Escarpins, c’est la haute peinture qui se cogne au grotesque contemporain. Sa virtuosité technique, tout droit sortie d’un atelier du XVIIe siècle, entre en collision frontale avec un humour mordant, presque insolent. Il y a du théâtre dans ses scènes, de la satire dans chaque détail, un sens du scandale dans chaque torsion de chair. Il convoque l’histoire de l’art pour en faire son terrain de jeu, dans une collision jubilatoire entre beauté et dérision.

Bruet peint l’absurde du monde dans le cadre doré d’un classicisme impeccable. Loin de la parodie gratuite, ses tableaux provoquent, oui – mais avec une telle élégance qu’on se surprend à sourire. Et peut-être à rougir.

GALERIE MR8
Du 12 au 26 septembre 2025
8 rue des Francs Bourgeois, 75003 - M° Saint-Paul (1)
Du dim. au jeu. 10h-19h, ven. et sam. jsq. 21h
Entrée libre