Préhistoire, une énigme moderne

Centre Pompidou
Du 8 mai au 16 septembre 2019

Rendre la Préhistoire moderne, c’est l’idée – un peu farfelue – du Centre Pompidou. Au début, il faut reconnaître qu’on ne comprend pas trop ce qui peut rapprocher nos Hommes préhistoriques d’artistes comme Cézanne ou Picasso… Et pourtant, l’exposition va réussir des rapprochements étonnants et inédits qui nous font regarder les plus grands chefs-d’œuvre sous un angle résolument nouveau.

Premier élément de contexte, si 3 millions d’années nous séparent des débuts de la Préhistoire, on oublie parfois que le concept-même de Préhistoire n’est apparu qu’en 1860 … révélé par les fouilles archéologiques et les avancées scientifiques. Plus encore, la reconnaissance d’un art pariétal ne date que du milieu du XXè siècle. Finalement, les centaines de millénaires qui nous séparent des hommes des cavernes se resserrent… Nous entrons ici dans une ambiance sombre et mystérieuse, le Centre Pompidou se transformant le temps d’une exposition en grotte des arts. C’est dans cette ambiance feutrée que vous allez vous trouver nez à nez avec le crâne de Cro-Magnon, découvert en 1868 en Dordogne, confronté à l'aquarelle de Paul Klee intitulée Le Temps et représentant une horloge.

Quelques salles plus loin, on pourra admirer la célébrissime Vénus de Lespugue, une vénus âgée de 25 000 ans découverte de manière totalement improbable dans une grotte de Haute-Garonne en août 1922. Cette petite statuette de moins de 15 centimètres, taillée dans l’ivoire d’une défense de mammouth, avec sa petite tête minuscule sans visage et ses formes disproportionnées… Cette sculpture qui a fasciné les plus grands artistes, à commencer par Picasso qui en avait une réplique moulée dans son atelier, et dont on verra ici la Femme nue couchée, tableau peint en 1936, clairement inspirée…

A ses côtés, le Mammouth de la Madeleine, mais aussi des fossiles, pierres gravées, silex et autres menhirs. A la manière du public des années 1920 qui découvraient tant de trésors archéologiques, nous ne pouvons qu’être fascinés par ces objets, ces icônes-même !, qui ont traversé les siècles, qui ont connu notre planète d’une autre ère, et qui sont passées sous les mains d’hommes d’un autre temps. Ces mains justement, qui s’enlacent dans cette très belle exposition, reliant la Préhistoire à l’ère moderne et contemporaine. Et nous entrons progressivement dans l’imaginaire fantasmé des plus grands artistes, Picasso, Miró, Giacometti, Cezanne, Dubuffet, Klee…

Cézanne sera fasciné par les strates géologiques et les illustrera dans ses montagnes Sainte Victoire, Fontana ou Dubuffet reprendront les sols archéologiques dans leurs œuvres, Picasso s’intéressera aux codes du Paléolithique, Yves Klein aux traces pariétales, tous seront obsédés par les origines de l’Humanité, un intérêt encore renforcé aujourd’hui chez les artistes contemporains et le grand public grâce au cinéma et aux reconstitutions de grottes ornées. À l'heure de la crise climatique et de la disparition annoncée des espèces, la Préhistoire devient un sujet de haute-actualité.

 

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MACHINE À REMUER LE TEMPS

Le retour aux origines chez les artistes de la « modernité » du XXe et du XXIe siècle nous révèle une importante production picturale. Remontez le temps avec eux et faites la découverte de cette période du début de l’Histoire, qui incarne encore aujourd’hui des visions fantasmées du monde et de l’humanité, telles que la destruction, la refondation ou la peur apocalyptique. À travers les œuvres de Redon, Cézanne, puis de Picasso, Miró, Giacometti et Ernst, en passant par Louise Bourgeois, Beuys, Smithson, à la fin des années 1960, la réflexion oriente le spectateur sur différents thèmes intrinsèquement liés au regard moderne sur notre humanité : le temps qui court, une terre sans Hommes ou l’Homme sans bêtes, les traces archéologiques du passé, ou encore le mythe de la caverne. Ces artistes nous montrent que la préhistoire fonctionne comme une machine à remuer le temps. L’ensemble est ponctué par la présentation d’œuvres iconiques du paléolithique et du néolithique: fossiles, sculptures (dont la Vénus de Lespugue et le Mammouth de la Madeleine), pierres gravées, silex taillés ou polis... Une belle histoire de l’art qui nous mènera jusqu’à Jurassic Park !

The return to your roots in prehistory among the artists of the « modernity » of the 20th and the beginning of the 21st century reveals to us an important pictorial production.

 

 


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