Deux Picasso pour le prix d’un
Un algorithme de deep learning, ou apprentissage profond, a permis de redonner ses couleurs à une toile du peintre espagnol, découverte en 2010 sous un autre chef-d’œuvre de l'artiste.
Pendant des années, Le repas de l’aveugle, célèbre tableau du maître cubiste issu de sa période bleue, aura bien illustré la cécité de son personnage principal. Et pour cause, pendant plus d’un siècle, il a dissimulé une autre toile, intitulée The Lonesome Crouching Nude, le nu solitaire accroupi, dont personne ne soupçonnait l'existence. En 2010, des rayons X avaient permis de révéler une image en noir et blanc de l’œuvre, qui était donc restée sans couleurs jusqu’à aujourd’hui. Heureusement, on n’arrête pas le progrès, pour le plus grand bonheur des amateurs d'art. En effet, le développement de nouveaux algorithmes d’intelligence artificielle permet à ce jour de pousser la recherche plus loin, en restituant des couleurs à des images ayant perdu les leurs. Ainsi, après une série de trois œuvres de Klimt, c’est Picasso qui a pu bénéficier de ce traitement. Le principe est simple. Des chercheurs du Collège de Londres ont entraîné un algorithme à reconnaître et à reproduire le style du peintre, en le « nourrissant » de dizaines d’œuvres de la même époque. C’est une technique baptisée deep learning, qui consiste à fournir une connaissance profonde des choses à un programme qui sera ensuite capable de reproduction à l’identique. Une fois cette étape réalisée, les deux étudiants ont pu imprimer une version 3D de l’œuvre, bluffante de réalisme. Selon leurs témoignages, le style de Picasso se retrouve aussi bien dans les couleurs (bleues donc, en accord avec la période), que dans les coups de pinceaux dévoilés grâce au relief de la production. Ce n’est pas la première fois qu’un tableau de Picasso en cache un autre, puisque le portrait d’un homme à barbe avait déjà été retrouvé en fond d’un autre de ses tableaux de la même période. Chose étonnante cependant, ce tableau de femme accroupie, mis en couleur, pourra sembler familier aux connaisseurs du peintre. Et pour cause, le même dessin se retrouve sur son tableau La Vie, qui date de 1903. Un mystère pour les spectateurs, qui plairait sûrement à Picasso, lui qui aimait affirmer « Je viens de peindre les images qui sont apparues devant mes yeux. C’est aux autres de trouver les sens cachés.»