Rassembler 178 chefs-d’œuvre de l’estampe du XIXᵉ au XXIᵉ siècle, c’est proposer une autre histoire de l’art : celle de l’encre, du métal, du papier et du geste répété. Issu des collections de la bibliothèque de l’INHA – héritière de la Bibliothèque d’art et d’archéologie fondée par Jacques Doucet – ce parcours fait dialoguer les innovations modernes avec les expérimentations contemporaines, du trait incisif d’Édouard Manet aux pulpes colorées d’Ellsworth Kelly, en passant par Goya, Munch, Käthe Kollwitz ou Vera Molnár.

L’exposition met au premier plan l’empreinte : l’attaque de la plaque, le transfert, la variation en série. Elle montre comment l’estampe – loin d’un rôle d’illustration – devient un laboratoire où s’éprouvent formes, récits et positions face au monde. Quelques jalons suffisent à en mesurer l’amplitude : les Caprichos et Disparates de Goya qui redéfinissent la satire sociale ; la fougue lithographiée des Courses de Manet (1865-1872) qui capte la modernité du mouvement ; l’humanité poignante des ouvrières de Kollwitz (1903) où la matière elle-même devient témoin ; l’angoisse vibratile d’Edvard Munch ; l’abstraction méthodique de Molnár par la sérigraphie ; enfin, les Colored Paper Images de Kelly (1976), où la couleur est déjà forme, et la forme, empreinte.

Plutôt qu’un récit linéaire, la Fondation propose des rapprochements lisibles : énergies, figures, regards, paysages, hommages, situations, combats, visions. Autant de portes d’entrée concrètes pour comprendre comment un même procédé technique peut servir la charge politique, l’intime, l’expérimental ou la pure plasticité. Une salle pédagogique clarifie tailles-douces, lithographies, sérigraphies et pulpes de papier ; la section finale revient sur la politique d’acquisitions, de Doucet à aujourd’hui, montrant combien la collection demeure active et prospective.

FONDATION PIERRE GIANADDA
Du 12 décembre 2025 au 14 juin 2026
Tous les jours de 10h à 18h 
Rue du Forum 59, 1920 Martigny (Suisse)