Andres Serrano, le sacré dans la chair
Jusqu'au 17 janvier 2026
Galerie Nathalie Obadia
Si certains artistes défient le bon goût. Andres Serrano, lui, le dissout littéralement. Sang, sperme, urine, lait : au cœur de son œuvre, la matière humaine devient pigment, miroir et révélation. La Galerie Nathalie Obadia revient sur les années fondatrices de ce photographe new-yorkais iconoclaste, à travers ses séries mythiques Immersions et Bodily Fluids, créées entre 1986 et 1990 – là où tout commence.
Formé à la peinture avant de l’abandonner pour la photographie, Serrano hérite du baroque une rigueur plastique et un sens du drame. À la surface de ses clichés, la lumière agit comme une grâce chimique. Les fluides y deviennent des paysages, les crucifix, des apparitions. Derrière le scandale, il y a la foi. Derrière la provocation, une forme de prière. Piss Christ (1987), plongé dans l’urine, n’est pas une insulte à la religion, mais un cri d’amour pour le corps souffrant du Christ – celui des hommes, celui de l’artiste.
Serrano n’a jamais eu peur du malaise. Ses monochromes organiques, ses reliques plongées dans la chair, disent la fragilité du vivant, le trouble du sacré, la beauté dans la corruption. Dans les années 1980, l’Amérique s’enflamme autour de lui, entre morale conservatrice et crise du sida. Lui, persiste : il photographie ce que d’autres refusent de voir, et compose des icônes modernes à partir de ce qui nous répugne.
Aujourd’hui, ces images retrouvent leur force primitive. En plongeant statues et symboles dans les fluides du corps, Serrano renverse les hiérarchies : le sacré n’est plus au ciel, il est dans la matière, dans le vivant, dans la tâche. Dans ses cadres d’une précision d’orfèvre, l’impur devient sublime. Une exposition dense, charnelle, nécessaire. Parce que la beauté n’est jamais si éclatante que lorsqu’elle se frotte à la pourriture du monde.
GALERIE NATHALIE OBADIA
Jusqu’au 17 janvier 2026
3 rue du Cloître Saint-Merri, 75004 - M° Rambuteau (11)
Du lun. au sam. 11h-19h – Fermé lun.
Entrée libre










