La toile autodétruite de Banksy remise aux enchères





Le ridicule ne tue pas, le marché de l'art en est la preuve. Alors que le street artiste avait programmé la destruction de son œuvre La Petite fille au ballon pendant ses enchères de 2018, la voilà de retour sur le marché, non restaurée, et pourtant... sa valeur a été décuplée.

Banksy doit suivre tout cela avec beaucoup d'intérêt. Inlassable critique de la marchandisation de l'art, le pochoiriste de luxe voit une nouvelle fois une de ses œuvres revendue "contre son gré". Et pas n'importe laquelle, s'agissant expressément de celle qui était censée ridiculiser le monde des enchères. Rappelons qu'à l’époque, juste après le coup de marteau du commissaire l'ayant adjugée pour plus d'un million, la toile avait vu sa moitié inférieure réduite en lambeaux grâce à un broyeur télécommandé dissimulé dans le cadre. Coup du hasard (ou pas), la destruction fut partielle à cause d'un défaut de mécanisme et La Fille au ballon fut aussitôt rebaptisée L’amour est dans la poubelle (Love is in the Bin en VO). L'anormale épaisseur du cadre n'avait pas alerté la maison de vente Sotheby's qui avait assuré ne pas avoir été avertie du coup monté. Banksy en personne s'était dit surpris que le tableau ait réussi à passer les systèmes de sécurité. Justicier du monde de l'art ou business man passé maître dans l'art de manipuler le marché, le mystère reste entier. Sauf peut-être pour Damien Hirst, son vieil ami et collaborateur originaire, lui aussi, de Bristol, auteur du crâne humain serti de diamants à 100 millions de dollars et responsable de l'hécatombe de 9000 papillons tués au nom de l'art, qui doit avoir sa petite idée.

L’amour est dans la poubelle sera mise en vente le 14 octobre 2021, à Londres, toujours chez Sotheby’s. La maison de vente est d'ailleurs revenue sur cet évènement en qualifiant la destruction de « happening artistique le plus spectaculaire du XXIe siècle », la plaçant dans l’« héritage d’art anti-establishment qui a commencé avec [le mouvement] dada et Marcel Duchamp ». Le prix attendu, estimé entre 4,6 et 7 millions d'euros, est quatre à six fois plus élevé que la vente originale. La collectionneuse anonyme qui, à l'époque, s'était gratifiée de "posséder [son] bout d'histoire de l'art", s'en est finalement déjà lassée. Pourvu que cette seconde vente puisse réactionner le mécanisme jusqu'au bout...


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