Parfum sculpture de l’invisible : Francis Kurkdjian au Palais de Tokyo (partenaire attente de publication)
PALAIS DE TOKYO
Du 29 octobre au 23 novembre 2025
Il a donné une odeur au désir, au luxe, au mystère. Francis Kurkdjian n’a jamais considéré le parfum comme un simple flacon à poser sur une coiffeuse. Depuis trente ans, il le pense comme une matière plastique, une architecture fugace, une sculpture de l’invisible.
Le Palais de Tokyo l’accueille cet automne pour une rétrospective magistrale, un voyage sensoriel où les fragrances se font œuvres, installations, expériences à part entière. Tout commence par une allée de pétales de porcelaine parfumés, imaginés avec les artisans de Sèvres, avant de se perdre dans une féerie de bougies évoquant les jardins de Versailles. Chaque salle diffuse des accords différents, à sentir dans l’air ou sur de petites touches que l’on emporte avec soi comme des fragments d’éternité.
Francis Kurkdjian recrée les gants parfumés du XVIIIᵉ siècle autant qu’il invente une eau parfumée à boire avec Yann Toma, ou un univers végétal à sentir en VR avec Cyril Teste et Hugo Arcier. Le passé et le futur s’y enlacent comme deux notes qui composent le même accord. La rétrospective réactive aussi des moments inoubliables : des fontaines parfumées qui ont jailli au Grand Palais, des installations éphémères qui ont embrasé les bosquets de Versailles, un concert à la Philharmonie où Klaus Mäkelä jouait Bach tandis que Francis Kurkdjian composait des parfums pour chaque mouvement de la suite.
Avec Sophie Calle, il traduisait l’odeur de l’argent ; avec Anne-Sophie Pic, il liait fragrance et gastronomie ; avec Elias Crespin et les sœurs Labèque, il convoque aujourd’hui une alchimie totale des sens. Francis Kurkdjian est un passeur. Ses créations sont à la fois mémoire et invention, rituel intime et spectacle collectif. Ses parfums se boivent, s’écoutent, se regardent, se touchent. Ils s’insinuent partout où l’on ne les attend pas, comme pour rappeler que l’odorat est sans doute le plus archaïque et le plus contemporain de nos sens. L’exposition se clôt d’ailleurs sur un espace intime : son bureau, reconstitué comme une chambre d’échos. Des livres, des photographies, des films, des objets personnels composent le portrait d’un créateur nourri par Sagan, Noureev ou Yves Saint Laurent. On y devine ce que son art doit à la danse, au théâtre, à la musique, au cinéma. Un atelier mental, un lieu où se tissent des correspondances.
Au fil de ce parcours, une certitude s’impose : Francis Kurkdjian a transformé le parfum en un langage universel, capable de dialoguer avec toutes les disciplines, toutes les sensibilités, tous les arts. Une sculpture de l’invisible, mais surtout une œuvre totale, qui s’adresse aux cinq sens.
Francis Kurkdjian entre dans l’histoire en 1995, à seulement vingt-six ans, lorsqu’il compose pour Jean Paul Gaultier Le Male, devenu en quelques mois un best-seller planétaire et l’un des parfums les plus emblématiques de l’ère contemporaine. Trente ans plus tard, celui qui fut très tôt célébré comme un prodige est aujourd’hui Directeur de la Création Parfum chez Parfums Christian Dior, où il poursuit l’héritage d’une maison mythique tout en incarnant sa modernité. Parallèlement, il a bâti sa propre maison fondée en 2009, devenue en quelques années l’un des laboratoires créatifs les plus audacieux du monde olfactif.
PALAIS DE TOKYO
Du 29 octobre au 23 novembre 2025
13 avenue du Président Wilson, 75116 Paris
Du lun. au dim. 12h-22h, le jeu. 12h-minuit - Fermé mar.
Entrée libre